un fragment pétrifié de molaire des bords de ce lac ( i) , et P allas
assure que les Bouchares apportent quelquefois de 1 ivoire des environs
de ce fleuve (2). . ' '
Peut-être en découvriroit-on en Asie mineure et en Syrie : car les
anciens prétendent y avoir vu des cadavres de géans.
Il est d’autant plus vraisemblable que le prétendu corps de Geryon,
ou d’H y llu s dont parle Pausanias (3) , et qui fut trouvé dans la
haute Lydie, appartenoit à un éléphant que, selon cet auteur, les
habitans en labourant la terre mettoient souvent à découvert des
grandes cornes, c’est-à-dire, sans doute des defenses.
On sera aisément disposé à attribuer la même origine au corps de
onze coudées de long, trouvé dans le lit de YOronte, près d!Antio
ch e, toujours selon Pausanias (4)-
Toutefois il est en général singulier qu’on ne déterre point de ces
os dans les climats où les éléphans, que nous connoissons, vivent habituellement,
tandis qu’ils sont si communs à des latitudes qu’aucun
de ces animaux ne pourroit supporter.
3M’y en a-t-il point eu d’enfouis ? ou la chaleur les a-t-elle décomposés?
ou, lorsqu’on en a découvert, a-t-on négligé de les remarquer,
parce qu’on les attribuoit à des animaux du pays, et qu’on n’y
voyoit rien d’extraordinaire ? Ne seroit-ce pas aussi que les mammouths
étant des animaux destinés à vivre dans le nord, à cause de la
laine épaisse et des longs crins qui les recouvroient, il n y eu avoit
point à une certaine proximité des tropiques ? Les géologistes, qui
visiteront la zone torride, ont là un sujet bien important de recherches.
Il paroîtroit cependant qu’on en auroit vu en Barbarie, pays où
il n’existe aujourd’hui d’éléphansd’aucune espèce,bien qu’ilsoit assez
chaud pour leur tempérament, et qu’il y en ait eu autrefois
(1) Hist, nat. , X I , n°. M X X X .
(2) Nov. com., X V I I , p. 579.
(3) A t t ic ., cap. X X X V .
(4) Arcad., chap. X X IX .
beaucoup, au moins dans la M auritanie,• au rapport de tous les
anciens (i).
Sans vouloir parler de la dent de géant vue par Saint-Augustin
et par plusieurs autres sur le rivage d’ V tiqu e, et qui, selon ce père
de l’Eglise, auroit pu faire cent de nos dents ordinaires, ni des deux
squelettes, l’un de vingt-trois, l’autre de vingt-quatre coudées, que
Phlegon de T ralles dit avoir été découverts au rapport & Eu/tia-
chus, par les Carthaginois (2); ni du prétendu corps à’A n te'e, découvert
près de L y n x ou de Tingis en Mauritanie, long de soixante
coudées, et auquel Sertoriiis fit offrir un sacrifice (3) ; le squelette
de géant déterré par quelques esclaves espagnols auprès de T u n is,
en i 55g (4) , paroît d’autant plus appartenir à l’éléphant, qu’un second
squelette, déterré au même lieu en i 63o, y appartenoit certainement,
ainsi que le célèbre Peyresc s’en assura (5) , par la comparaison
d’une dent, qu’on lui avoit envoyée, avec celle d’un éléphant
vivant qu’il eut occasion de voir en i 63i .
Il ne manquoit, pour compléter les singularités, que de trouver
l’éléphant fossile en Amérique, continent où il n’y en a jamais eu de
vivans depuis que les Européens le connoissent, et où ces animaux
n’ont certainement pas pu être détruits par les peuplades foibles et
peu nombreuses qui l’habitoient avant sa découverte.
Btgjfon avoit déjà avancé l’existence de ces ossemens dans l’Amérique
septentrionale, et, à ce qu’il prétendoit, dans celle-là seulement.
On sait même qu’il imagina, comme cause de leur destruction dans ce
continent, l’impossibilité où ils durent être de passer l’isthme de
Panama, lorsque le refroidissement graduel de la terre les poussa vers
le midi, comme si toutes les parties basses du Mexique n’étoient pas 1 2 3 4 5
(1) Strab., lib. X V I I ; Pline, lib. V I I I , cap. X I ; AElian., "lib. X , cap. I , et lib. X IV ,
cap. V .
(2) Phlegon, de M ir ., cap. XVIII.
(3) Plutarque, Sertorius , cap. III ; et Strabon, lib. X V I I , p. 829.
(4) Jerome Magius, Miscellan., lib. I , cap. II, p. 19, B.
(5) Gassendi, V ie de Peyresc, lib. IV , in ejus oper., ed. Lugdun. i658, tome V , p. 3o6
et 3o8.