Des solstices, des équinoxes indiqués dans les Pouranas, et calculés
d’après les positions que sembloient leur attribuer les signes
du zodiaque indien, tels qu’on croyoit les connoître, avoient paru
d’une antiquité énorme. Une étude plus exacte de ces signes ou nac-
chatrons a montré récemment à M. de Paravey qu’il ne s agit que
de solstices de 1200 ans avant Jésus-Christ. Cet auteur avoue en
même temps que le lieu de ces solstices est si grossièrement fixé qu on
ne peut répondre de cette détermination à 2 ou 3 siècles près. Ce
sont les mêmes que ceux d’Eudoxe, que ceux de Tchéoukong (1).
Il est bien avéré que les Indiens n’observent pas, et qu’ils ne
possèdent aucun des instrumens nécessaires pour cela. M. Delambre
reconnoît à la vérité avec Bailly et Le Gentil qu’ilsbnt des procédés de
calculs, qui sans prouver l’ancienneté de leur astronomie, en montrent
au moins l’originalité (2) , et toutefois on ne peut étendre cette
conclusion à leur sphère, car, indépendamment de leurs 27 nac-
chatrons ou maisons lunaires, qui ressemblent beaucoup à celles des
Arabes, ils ont au zodiaque les mêmes douze constellations que les
Egyptiens, les Chaldéens et les Grecs (3). Il paroîtroit même, si
l’on s’en rapporte aux assertions de M. Wilford, que leurs constellations
extra-zodiacales sont aussi les mêmes que celles des Grecs,
et portent des noms qui ne sont que de légères altérations de leurs
noms grecs (4).
(i) Mémoires encore manuscrits de M. de Paravey, sur la sphère de la haute Asie.
f (a) Voyez le Traité approfondi sur l’Astronomie des Indiens, dans l’Histoire de l’Astron.
ancienne de M. Delambre, t. I , p. 4oo-556.
(3) Voyez le Mémoire de Sir W ill. Jones, sur l’antiquité du zodiaque indien, Mém. de
Calcutta, t. I l , p. 289 de Téd. in-8'’ . , et dans la trad, franç. , t. I I , p . 332.
(4) Voici les propres paroles de M. Wilford, dans son Mém. sur les témoignages des
anciens livres indons touchant l’Égypte et le N i l , Mém. de Calcutta , t. I I I , p. 433 de 1 éd.
in-8°. « Ayant demandé à mon pandit, qui est un savant astronome, de me. désigner dans
m le ciel la constellation UAntarmada, il me dirigea aussitôt sur Andromède, que j avois
» eu soin de ne pas lu i montrer comme un astérisme qui me serait connu. Il m apporta
» ensuite un livre très-rare et très-curieux, en sanscrit, où se trouvoit un chapitre particulier
» sur les Upanacshalras ou constellations extra-zodiacales, avec des dessins de Cap f a , de
C’est à Yçco que l’on attribue l’introduction de l’astronomie à la
Chine; il envoya, dit le Chouking, des astronomes vers les quatre
points cardinaux de son empire, pour examiner queljes étoiles pré-
sidoient aux quatre saisons, et pour régler ce qu’il y.âvoit à faire
dans chaque temps de l’année ( i) , comme s’il eût fallu se disperser
pour une Semblable opération. Environ 200 ans plus tard, le Chouking
parle d’une éclipse de soleil , mais avec des circonstances ridicules,
comme dans toutes les fables de cette espèce ; car on fait
marcher un général et toute l’armée chinoise contre deux astronomes,
parce qu’ils ne l’avoient pas bien prédite (2), et 1 on sait que,
plus de 2000 ans après, les astronomes chinois n’avoient aucun moyen
de prédire exactement les éclipses de soleil. En 1629 de notre ère,
lors de leur dispute avec les jésuites, ils ne savoient pas même calculer
les ombres.
Les véritables éclipses, rapportées par Confucius dans sa chronique
du royaume de X om, ne commencent que 1400 ans après
celle-là, en 776 avant J. C ., et à peine un demi-siècle plus haut que
celles des Chaldéens rapportées par Ptolomée.; tant il est vrai que les
nations échappées en même temps à la destruction sont aussi arnv ées
vers le même temps, quand les circonstances ont été semblables,
à un même degré de civilisation. Or on: croirait, d’après l’identité
de nom des astronomes chinois sous différens règnes (ils paroissent,
d’après le Chouking, s’être tous appelés Hie tHo ) , qu’à cette époque
reculée leur profession étoit héréditaire en Chine comme dans l’Inde,
en Egypte et à Babylone.
Càsyap'e assise, tenant une fleur de lotus à la main, d'Antarmada enchaînée avec le poisson
près d’elle, et de Pârasica tenant la tête d’un monstre qu’ il avoit tué, dégouttant de
sang et avec des serpens pour cheveux. »
Qui ne reconnoît là Pèrsée, Céphéè et Cassiopée ?
(1) Chouking, p. 6 et 7.
(2) Ibid ., p. 66 et suiv.
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