le crâne peut subir d’un individu à l’autre dans la même espèce.
J’ai donc soumis mes crânes des Indes à une comparaison entre
eux, et j’en ai fait autant de mes crânes d’Afrique.
Ces derniers, dont je n’ai eu , il est vrai, que deux, ne m’ont
presque point offert de différence appréciable.
Quant aux premiers, dont j’ai eu un plus grand nombre, et pour
la connoissance desquels j’ai encore été aidé par de beaux dessins
faits à Londres parM. Clift, conservateur du cabinet du collège des
chirurgiens, et dessinateur habile autant qu’anatomiste instruit, j’ai
trouvé qu’ils oflfroient quelques variétés relativement à l’occiput et
aux alvéoles des défenses.
L ’occiput est plus renflé en tout sens dans les uns que dans les
autres, sans rapport avec la longueur des défenses. *
Il est aussi moins élevé dans quelques-uns, et par conséquent le
sommet de la tête est plus arrondi, comme on peut le voir au crâne
de mooknah, mâle et adulte, donné par M. Corse au cabinet des
chirurgiens de Londres et représenté pl. X I I , fig. 3. A en juger
par le crâne du jeune squelette du cabinet de M. Brooks (pl. X I I ,
fig. i et2)lesjeunesindividusauroientaussiçettepartieplusarrondie.
Les alvéoles des défenses de dauntelah sont un peu plus obliques
en avant; ceux des mooknah se portent un peu plus directement vers
le bas.
Ces derniers alvéoles sont un peu plus minces, mais pas à beaucoup
près dans la proportion des défenses elles-mêmes. Ce qui
manque à la grosseur des défenses est compensé par une plus grande
épaisseur de la substance osseuse de l’alvéole. La raison en est que
l’alvéole, servant de base et d’attache aux muscles de la trompe,
n’auroit pu se rapetisser autant que la défense, sans que la trompe
ne perdît la grosseur et la force qui lui sont nécessaires.
Enfin, il y a un peu de variété dans la longueur des alvéolés, et,
ce qui est bien remarquable encore, sans aucun rapport avec celle
des défenses. Notre grand squelette mooknah les a plus longs que nos
deux dauntelah, quoique ses défenses soient les plus petites de
toutes.
Les alvéoles les plus longs que j’aie encore vus, sont ceux du
mooknah (pl. X I I , fig. 3 ) ; mais un très-vieux dauntelah , h défenses
très-grosses et très-émoussées, dont le crâne, conservé au
cabinet de la Compagnie des Indes à Londres, a été dessiné par
M. Clift, et est gravé pl. X I I , fig. 4 , est, de tous les crânes que j’ai
vus; celui dont les alvéoles sont les plus courts à proportion.
Au reste cette différence de longueur ne va pas à deux pouces.
Elle n’auroit pu être considérable sans que l’qrganisation de là
trompe changeât essentiellement, parce que les muscles de sa partie
inférieure sont insérés sous le bord inférieur des alvéoles des défenses,
et que ceux de la partie supérieure le sont au front, au-dessus
des os du nez. La base de la trompe a donc nécessairement de diamètre
vertical la distance entre ces deux points ; et si les alvéoles se
prolongeoîent au-delà d’une certaine mesure, la trompe prendroit
une grosseur monstrueuse. «
Cet article est très-important à remarquer, parce qu’il fournit le
caractère le plus distinctif de l’éléphant fossile.
Si l’on veut comparer ensemble le petit nombre de figures de
crânes d’éléphans qu’on trouve dans les ouvrages des naturalistes, je
ne crois pas qu’on y découvre des différences plus fortes que celles
que je viens d’ exposer.
A la vérité, feu M. Fau ja s avoit supposé entre les crânes des
mâles et des femelles une différence dont nous n’avons point fait
mention ; mais il avoit été trompé par de simples apparences extérieures.
Notre mâle mooknah de Ceylan portoit à la racine de la trompe
une proéminence très-sensible qui manquoit à sa femelle. M. Fau ja s
imaginant que cette proéminence tenoit aux parties osseuses, fit
représenter ces deux têtes à la pl. X I I de ses E ssais de Géologie',
« a fin , dit-il ; -p. 238, d’éviter une erreur dans le cas où to n
» trouverait, par le ffe t d!un hasard heureux, des têtes fo ssile s
» d’éléphans mâles et fem e lle s, parce que étant prévenu du
» f a i t , l ’on ne servit pas ten té d’en fa ire deux espèces d ijfé-
» rentes. »