Cependant son témoignage est confirmé par Bruce, au moins pour
un cas particulier ; car, dans le récit d'une chasse aux éléphansà laquelle
il assista ( i), il dit que les défenses d’une femelle étoient très-
petites, tandis que le mâle en avoit de fort grandes.
Quant aux Carthaginois, nous ne voyons par aucun passage positif
d’où vendent leurs éléphans de guerre; mais ce que rapporte A p -
pien ( Bell. pun., p. m. 5 ) de la commission qu’ils donnèrent à A s-
drubal pour en p ren d re la treizième année de la deuxième guerre
punique, ao5 ans avant J.-C., lorsqu’ils apprirent que Scipion me-
naçoit de descendre en Afrique, et la rapidité avec laquelle il paroît
qu’Asdrubal exécuta cette chasse, prouvent bien qu’ils n’alloient pas
les chercher très-loin, et surtout qu’ils n’alloient pas jusqu’enEthiopie.
A la vérité la Barbarie ne paroît plus produire d’éléphans aujourd’hui,
mais elle en avoit du temps des anciens. Pline en place en
L y b ie , au-delà des Syrtes , et en Mauritanie (2) : Ælien dans les
forêts et les pâturages du pied de l’Atlas (3). Les Carthaginois dévoient
donc avoir des facilités pour se procurer des éléphans que n’auroient
pas les peuples de la Barbarie aujourd’hui.
Maintenant c’est seulement vers le Sénégal que l’on commence à
en rencontrer. 1
(1) V oÿ. aux sources du N i l , trad, f r . , in-80. , tome X I , p. u 4 *
Ça) Plin., lib. V I I I , cap. X I .
(3) Milan. , lib. V I I , cap. II.
D E U X IÈ M E SE C T IO N .
Des ossemens de l Eléphant fossile oh du M am m o u th
des Russes.
A rticle premier.
E xp osé géographique des principaux lieu x où Ton a trouvé des
ossemens de l ’E léphan t fo ssile .
V ouloir rapporter ici tous les lieux où il s’est trouvé des ossemens
fossiles d’éléphant serait une entreprise infinie : il suffira de montrer
que tous les pays et toutes les époques en ont offert.
On en trouve des traces dès le temps des anciens. Théophraste en
parloit dans un ouvrage que nous n’avons plus ; mais P lin e nous a
conservé son témoignage : « Theophrastus auctor e st, e t eb u rfo s-
» site candido et nigro colore inpeniri, e t ossa è terra nasci, in -
D venirique lapides osseos, lib. X X X V I , cap. XVIII. »
Comme certains os de l’éléphant ont plus de ressemblance avec
ceux de l’homme, que n en ont les osdes animauxlesplus ordinaires,
des anatomistes même instruits ont été souvent exposés à les prendre
pour des os humains, et c’est probablement ainsi qu’ont été occasionnées
toutes ces prétendues découvertes de tombeaux de géaos
dont parlent à tant de reprises les auteurs de l'antiquité et ceux du
moyen âge. On n’en excepterait que les plus grands de tous qui sont
quelquefois représentés eomme huit ou dix fois supérieurs aux plus
grands éléphans et que l’on seroit peut-être tenté de rapporter à des
cétacés, si les mesures que l’on en donne pouvoient être regardées
comme exactes.
Même après que des idées plus saines eurent dissipé ces chimères,
on dut encore être porté àpenser que les éléphans dont ondécouvroit
des os, avoient été amenés par des hommes. Tant que ces découvertes
se bornèrent à l’Italie et aux pays très-fréquentés par les M acédoniens,
les Carthaginois et les Romains, on put croire en
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