cendantes tant que le solstice n’avoit pas reculé au moins jusqu’au
milieu de la constellation du lion,, croyant voir de plus comme
nous l’avons dit que le lion est divisé dans le grand zodiaque
légère. Laissons aux érudits leurs vaines conjectures, et confessons notre ignorance absolue
sur des choses peu utiles en elles-mêmes, et dont il ne reste aucun monument.
Les limites des constellations varient suivant les auteurs que l’on consulte. On voit ces
limites s’étendre ou se resserrer quand on passe d’Hipparque à T y ch o , de Tycho à Hevelius',
d’Hevelius à Flamsteed, Lacaille , Bradley ou Piazzi.
Je l’ai dit ailleurs, les constellations ne sont bonnes à rien , si ce n’est tout au plus à
reconnoitre plus facilement les étoiles ; au lieu que les étoiles en particulier donnent des
points fixes auxquels on peut rapporter les mouvemens , soit des colures / soit des planètes..
L ’astronomie n’a commencé qu’à l’époque où Hipparque a fait lè premier catalogue d’étoiles
, mesuré la révolution du soleil, celles de la lune et leurs principales inégalités. Le
reste n’offre que ténèbres , incertitudes et erreurs grossières. Ce seroit temps perdu que celui
qu’on voudroit employer à débrouiller ce chaos.
J’ai d i t , à quelques ménagemens près, tout ce que je pense sur ce sujet. Je n’ai eu la prétention
de convertir personne, peu m’importe qu’on adopte mes opinions ; mais si l’on compare
mes raisons aux rêves de N ewton, de Herschell, de Bailly et de tant d’autres, il n’est
pas impossible qu’avec le temps on arrive à se dégoûter de ces chimères plus ou moins
brillantes.
J’ai essayé de déterminer l’étendue des constellations d’après les catastérismes du faux
Eratosthène. La chose est réellement impossible: ce seroit encore pis si l’on consultoit
Hygin et surtout Firmicus. Voici au reste ce que j’ai tiré d’Eratosthène.
CONSTELLATIONS. DURÉES. CONSTELLATIONS» DURÉES.
Bélier............................ 1747 ans. 1089 (*).
1826.
i 63G.
1204.
2617.
3307.
T a u r e a u ...............* . .
Gémeaux......................
Cancer..........................
L ion ........ ......................
V i e r g e ............• ...........
S c o r p i o n . . . . . . .........
Sagittaire.............. ..
Capricorne. . . . . . . . .
Verseau........................
P o i s s o n s . ^ .
1823 ans.
2 1 38-.
,4 .6 , ;
1196.
2986.
Quant aux Chaldéens , aux Égyptiens, aux Chinois et aux Indiens , il n’y faut pas songer.
On n’en peut absolument rien tirer. Ma profession de foi à cet égard est dans le Discours
préliminaire de mon Histoire de VAstronomie du moyen âge, p. xvii et xvm.
Voyez aussi la note ajoutée au Rapport sur les Mémoires de M. de Paravey, t. VIII des
(*) Eratosthène ne fait qu’une constellation dû scorpion et des serres; il indique le commencement dés serres
sans en marquer la fin ; et comme il donne i8a3 ans au scorpion proprement dit, il restèrent 1089.ans pour les
serres, en supposant qu’il n’y eût aucun espace vide entre les deux constellations.
P R É L IM IN A IR E .
d’Esné, ne font remonter ce zodiaque qu’à 2610 ans avant J.-C. (1).
M. Hamilton, qui a le premier fait remarquer cette division du
signe du lion dans le zodiaque d’Esné, réduit l’éloignement de la période
où s’y.trouvoit le solstice, à i 400 ans avant J.-C.
Mais, une difficulté inhérente à toutes les suppositions qui prendront
pour règle la précession des équinoxes, c’est la conséquence
inévitable que le zodiaque d’Esné sera aù moins de 2000 et peut-
être de 3ooo ans (2) plus ancien que celui de Dendéra, conséquence
qui évidemment bat en ruine la supposition ; car je suis convaincu
qu’aucun homme, un peu instruit de l’histoire des arts, ne pourra
croire que deux édifices aussi ressemblans par l’architecture aient été
autant séparés par le temps.
C’est le sentiment de cette impossibilité , joint toutefois à la
croyance que cette division des zodiaques indique une date, qui a
fait recourir à une autre conjecture, à celle que les constructeurs
aüroient voulu marquer celle des années sacrées des Egyptiens,
où le monument a été élevé. Ces années ne durant que 365 jours,
si le soleil au commencement de l’une occupoit le commencement
d’une constellation, il s’en falloit de près de 6 heures qu’il n’y fût
revenu au commencement de l’année suivante, et après 121 ans,
il devoit ne se trouver qu’au commencement du signe précédent : il
semble assez naturel que les constructeurs d’un temple aient voulu
indiquer à peu près dans quelle période de la grande année, de
l’année sothiaque, il avoit été élevé , et l’indication du signe par
Nouvelles Annales des Voyages, et reproduit par M. de Paravey dans son aperçu de ses-
Mémoires sur l’Origine de la Sphère ,. pages 24 et de 31 à 36.
Voyez encore Y Analyse des travaux mathématiques de l'Académie en 1820, p.-^S et 79..
D E L AM B R E .
(1) Grand ouvrage sur VÉgypte, Antiquités , Mémoires, t. I , p. 486.
(2) D’après les tables de la note ci-dessus le solstice est resté 3474 ou au moins 3307 ans
dans la constellation de la vierge, celle de toutes qui occupe un plus grand espace dans le
zodiaque, et 2617 dans celle du lion.