forment les premiers échelons des montagnes qui enceignent cette
belle vallée.
A mesure que l’on a mis plus d’intérêt à rechercher les os fossiles,
on en a découvert d hippopotames dans un plus grand nombre de lieux.
Ainsi j en ai vu deux màchelières bien caractérisées au cabinet
de l’université de Pise, provenant du bas val d’Arno.
A Bologne, outre les dents d’Aldrovande, j’en ai observé une
belle tête inférieure de fémur.
A Rome, dans le cabinet du college romain, il y en a des défenses,
trouvées aux environs de cette ville.
En France, indépendamment des morceaux des environs de
Montpellier dont j ai parlé ci-dessus, il s’en est trouvé jusque tout
près de Paris. J en ai donné au cabinet du roi une belle défense
déterrée dans le sable à la plaine de Grenelle.
Labbé de Tersan en possédoit une mâchelière aussi de nos environs,
qui paroît avoir été dans un tuf ferrugineux.
En Angleterre, M. Trimmer en a recueilli auprès de Brentfort,
dans le comté de Middlesex, une défense, deux incisives inférieures,
une mâchelière entière et une portion d’une autre; et les a représentées
dans les Trans. p h il. de i 8j3, pl. IX et X . Elles étoient
dans ce grand dépôt où se trouvoient aussi des os d’ëléphans, de
rhinocéros et de cerfs, et dont nous avons déjà parlé plusieurs fois.
On ne peut donc pas douter que des hippopotames n’existent à
l’état fossile dans plusieurs des endroits où il existe des éléphans,
des rhinocéros et des mastodontes ; mais il est singulier que le seul
de ces pays où 1 on en ait découvert une abondance proportionnée
àcelle des autres genres, soit le val d’Arno supérieur.'
Partout ailleurs on n en a eu que des fragmens peu considérables
et en petit nombre.
G est donc d apres ces pièces recueillies dans le val d’Arno que
nous allons principalement établir nos comparaisons, et que nous
allons montrer que l’hippopotame fossile et le vivant diffèrent
presque autant que les éléphans et les rhinocéros fossiles diffèrent
de ceux d’aujourd’hui.
II. Comparaison ostéologique du grand hippopotame fo ssile avec
le vivant.
Les caractères distinctifs du grand hippopotame fossile ne sont pas
tout-à-fait aussi sensibles que ceux des éléphans et des rhinocéros du
même temps, et tant que les morceaux que j’en possédois ont été en
petit nombre et que je n’ai pas eu de squelette complet de l’hippopotame
vivant à leur comparer, j’ai presque désespéré de pouvoir
assigner à cette espèce des différences certaines; mais aujourd’huil’in-
certitude où j’étois lors de ma première édition est entièrement dissipée;
presque tous les os, pris un à un dans les deux espèces, montrent
des différences, et la règle géologique relative aux genres étrangers
trouve son application pour celui-ci, comme pour tous les autres.
i°. L a tête.
La tête fossile (pl. IV , fig. i et 2) vue en dessus, a la crête
occipitale plus étroite, les arcades zygomatiques moins écartées en
arrière, la portion du "crâné, que xes arcades limitent par les
côtés, plus longue à proportion ; la jonction de la pommette au
museau s’y fait par une ligne oblique et non par une subite
échancrure, d’où il résulte aussi que la partie rétrécie du museau
est moins longue à proportion. Outre les différences qui résultent
dans le profil, de celles que nous venons d’énoncer, on y remarque
encore que l’occiput s’y relève plus vite, en sorte que la chûte de
la crête sagittale vers l ’intervalle des orbites y est plus rapide, et
par conséquent la hauteur verticale de l’occiput y est plus grande.
La tête fossile que nous représentons, est un des beaux morceaux
qui enrichissent le cabinet du grand duc à Florence.
Dans la mâchoire inférieure (pl. IV, fig. 3 et 4 ) je trouve l’intervalle
des deux branches sensiblement plus étroit, et l’angle qu’elles
font ensemble par leurs faces internes moins arrondi en avant ;
l’échancrure vers l’angle postérieur inférieur revient moins rapidement
en avant, et le bord inférieur se relève aussi un peu moins en avant,
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