trouver d’assez bonnes explications dans la quantité prodigieuse
d’éléphans que ces peuples ont possédés.
On sait en effet que les premiers Européens qui aient eu des
éléphans, A lexandre et ses Macédoniens, après la défaite de
Porus ( i) , en amenèrent dès-lors assez, pourmettre Aristote en état
d’en donner d’excellentes notions. Ce grand naturaliste a mieux connu
que Buffon la manière dont l’éléphant s’accouple, dont il tète, et
presque tous les autres détails de ses habitudes ; et tout ce qu’il en rapporte
a été confirmé par les observations récemment faites aux Indes.
Après la mort d’Alexandre ce fut d’abord Antigonus qui eut le
plus d’éléphans (2).
Les Séleucides (3) en entretinrent toujours, surtout depuis
que Seleucus N icato r en eut reçu cinquante de Sandrocattus en
échange d’un canton entier des bords de l’Indus (4). Seleucus devoit
d’autant mieux apprécier l’importance de ces animaux, qu’il avoit été
commandant en chef de ceux d’Alexandre.
Plutarque assure que ce prince et ses alliés en avoient quatre
cents à la bataille d’issus qu’ils gagnèrent contre Antigonus, 3oi
ans avant J.-C. (5).
Son fils A n tiochus Soter en employa douze avec grand succès
contre les Galates (6), et nous voyons qu’A ntiochus-le-G rand en
plaça cent deux en ligne à la bataille de Raphie contre Ptolomée Phi-
lopator qui n’en avoit que soixante-treize (7), l’an de Rome 535, et cinquante
quatre à celle de Magnésie contre les Romains (8) qui n’en
avoient que seize, l’an 56i , sans toutefois que cette grande supériorité
dans le nombre des éléphans lui ait été fort utile, puisqu’il fut
vaincu dans les deux affaires.
(1) Pausanias, A ttic ., lib. I , ed. Hanov., p. 21.
(2) Id., ib.
(3) Plin., V I I I , cap. V .
-<4) Strabon, lib. X V , p. 124.
(5) Plut. in Demetr.
(6) Lucianus in Zeuxide, vers. fin.
(7) Poljb.', lib. V , cap. LX X IX .
A T it. Liv. , X X X V I I I ; cap. X X X IX .
Pyrrhus le premier avoit amené des éléphans en Italie, l’an de
Rome 472 (1), et comme il étoit débarqué à T a ren te, les Romains
donnèrent à ces animaux, qui leur étoient inconnus, le nom de
boeufs de Lucanie. Us étoient en petit nombre, et Pyrrhus s’en
étoit emparé sur Démétrius (2). Curius Dentatus en prit quatre
de ceux de Pyrrhus, et les amena à Rome pour la cérémonie de son
triomphe en 479 (3). Ce sont les premiers qu’on y ait vus; mais ils
y devinrent bientôt en quelque sorte une chose commune.
M ètellus ayant vaincu les Carthaginois en Sicile, l ’an 5o2, fit
conduire leurs éléphans à Rome sur des radeaux, au nombre de cent
quatre selon Orose (4), de cent vingt suivant Sénèque (5), de cent
trente selon Eutrope (6) et de cent quarante-deux suivant P lin e (7) ;
lesquels, au rapport de Jéarron, cité par Pline, furent tous massacrés
dans le cirque, attendu que l’on ne savoit qu’en faire.
A n n iba l en amena aussi avec lui en Italie trente-sept (8), en 534, qui
périrent à l’exception d’un seul, après la bataille de la Trebbia (q);
Asdrubal son frère en amena d’autres, et lorsque ce nouveau général
fut défait sur le Métauro en 538, les conducteurs de ces éléphans
furent obligés d’en tuer plusieurs de leurs propres mains (10).
P . Scipion Nasica et P . Lentulus firent voir des éléphans dans
le cirque pendant leur édilité, en 584 (1*)• Claudius P u lch ery en fit
combattre, en 655. Vingt ans après les deux frères L . et M . L u -
cu llu s, dans leur édilité, en montrèrent combattant contre des
taureaux. Pompée en fit voir vingt, sAaw P lin e ■ dix-huit selon Dion- 1
(1) P lin ., V I I I , cap. VI.
(2) Pausan., loc. cit.
(3) P lin ., loc. c i t .; Sen. <3e Brev. v i t . , cap. X I I I ; Eutrop., lib. I I , cap. X IV .
(4) Oros., Hist. , lib. IV, cap. IX.
(5) Sen., De brev. v it ., cap. X IV .
(6) Eutrop., lib. I I , cap. X X IV .
(7) P lin ,, V I I I , cap. VI.
(8) l utrop., lib. I l l , cap. VIII.
(9) Polj be, liv. I l l , chap. X I V ; et Tito-Live, liv. X X I , chap. LVII*
(10) Tile -Liv e , lib. XX"VII, cap. X L IX .
(,i 1) Id. , lib. XL1V, cap. XIX.,