cette dent gigantesque, j’en suis réduit h des conjectures. Les dents
du mastodonte à dents étroites, ainsi que nous l’avons dit à son chapitre,
présentent, à une certaine époque de leardétrition, des figures-
de trèfles qui ressemblent en grand à celle des hippopotames $ et
comme Camper n’avoit encore aucune idée des différences qui distinguent
cet animal de celui de l’Ohio, il a pu se tromper sur unie
dent isolée. Quoi qu’il en soit, celle dont il parle en cet endroit ne
pourroit venir dans aucun cas de notre hippopotame vulgaire, ni de
l’hippopotame fossile ordinaire, puisqu’elle est quatre fois plus
grande que les' leurs.
M erck paroît avoir donné dans la même erreur que Pierre Camper.
Voici ses paroles ( Iere. lettre, p. 21, note). « J e possède une dent
molaire trouvée dans les environs de F ra n cfo rt, sur le M ein ,
exactement ressemblante à celle d’un hippopotame, dessinée
dans le tome I des Epoques de la nature, de M . de Buff'&n,
p l. I I I . » Or cette planche III représente une dent intermédiaire
du mastodonte de l’Ohio, dont les sommets sont un peu usés.
M. D eluc (lettre géol., I Y , p. 4: 4) parle d’une dent d’hippopotame
trouvée parmi les produits volcaniques des environs de Francfort;
mais M. M erck nous apprend (IIIe. lettre, p. 20, note) qu’elle
étoit de rhinocéros^
Nous trouvons, à une époque plus aneienne, quelque chose de
moins incertain sur le même sujet : c’est un passage d’A n toin e de
Jussieu, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences pour 1724.
Après y avoir décrit et représenté en détail une tète de véritable hippopotame,
il ajoute:
« La vue des ossemens de cette tête et de ces pieds m’en a fait
» reconnaître d’abord de semblables pétrifiés, trouvés parmi un
» nombre de pierres figurées qui sont dans le territoire de Mont-
» pellier, an lieu qu’on y appelle la Mosson.
» Ces découvertes, dont M. Chirac a été témoin, nous embarras-
» soient d’antamt plus, qne né trouvant ni dans le crâne du cheval, ni
» dans celui du boeuf, que nous leur comparions, aucune ressem-
» blance, nous ne savions à quel animal les attribuer; et ce n’est
» que la vue des dépouilles de celui-ci qui nous convainquit que ces
» ossemens pétrifiés avoient été ceux de l’hippopotame. »
Quoique A n toin e de Jussieu n’ait donné ni figure ni description
particidière de ces fossiles, la manière dont il en parle, l’endroit où il
en parle, après avoir décrit une véritable tête, et ayant pour ainsi
dire à la fois les os frais et les fossiles sous :les yeux , ne permettent
guères de douter que ces derniers n’aient réellement tout-à-fait ressemblé
à ceux de l’animal auquel il les attribue ; j’ai même tout lieu
de croire que ces morceaux observés par C hirac et par A n toin e
de Jussieu sont précisément les mêmes que Daubenton a indiqués
sous les «o». MCII et MGIV, et que je décrirai plus bas. Chirac ,
alors intendant du Jardin du roi, les ayant eus à Montpellier, les
aura apportés à Paris, et déposés au cabinet, où Daubenton les aura
trouvés ensuite sans autre indication.
Les dents que Charles N icolas Lang avoit données quelques
années auparavant pour des dents d’hippopotame, dans son Historia
lapidum figuratorum H elvetioe , imprimée en 1708, pl. X I , fig. 1
et 2, ne sont pas dans le même cas que les précédentes : ce sont de
simples dents de cheval. Fig. 1 est un germe non encore sorti de la
gencive, et fig. 2, une vieille dent usée. Les lithologistes se sont très-
souvent trompés sur les dentsde cheval, quoiqu’elles appartiennent
à un animal si commun. Nous Le verrons plus en détail dans un antre
chapitre.
Je trouve encore dans un auteur presque de nos jours un morceau
attribué à l’hippopotame, qui me paroît l’être tout aussi faussement
qne oeux de Lang : c’est celui que cite le catalogne du cabinet de
Davila, tome III, p. 221, art. 296. Voici ses termes :
« Une mâchoire d ’hippopotame pétrifiée et enclavée dans sa
» matrice de pierre à plâtre des environs de Paris. La mâchoire
» inférieure conserve cinq de ses dents molaires, dont les racines
» sont engagées en partie dans leurs alvéoles, et en partie décon-
» vertes. La mâchoire supérieure estpresque entièrement détruite, et
» n’offre plus que l’empreinte des autres dents molaires opposées à
)) celles de l’inférieure ; celles-ci conservent leur email verdâtre, et