du V o lg a , du Don et du Ja ïk qui viennent du nord, et le long de
la L én a , de YIndigirska, du K o lim a , et même de YAnadir (i)
qui descendent des montagnes très-froides de la Tartane chinoise,
où certes il n’habite pas d’éléphans, que le long de YOb, du
Jenissea et des rivières qui s’y jettent, dont Ylrtisch est peut-être
la seule qui s’approche assez des montagnes du T hibet pour qu’on
puisse lui appliquer cette hypothèse sans trop d’invraisemblance.
C’est des bords de YIndigirska que vient le beau crâne rapporté par
Messerschmidt, et dont nous donnerons une copie.
Il y en a jusque dans la presqu’île du Kam schatka, ou ils ne
pourraient en aucun cas êtrevenus de l’Inde qu’en faisant un grand
détour (a).
Il n’est, dit M. P allas (3), dans toute la Russie asiatique, depuis
le Don ou Tanaïs jusqu’à l’extrémité du promontoire des Tchutchis,
aucun fleuve, aucune rivière, surtout de ceux qui coulent dans les
plaines, sur les rives ou dans le lit duquel on n’ait trouvé quelques
os d’éléphans, et d’autres animaux étrangers au climat.
Mais les contrées élevées, les chaînes primitives et schisteuses en
manquent ainsi que de pétrifications marines, tandis que les pentes
inférieures et les grandes plaines limoneuses et sablonneuses en
fournissent partout aux endroits où elles sont rongées par les rivières
et les ruisseaux, ce qui prouve qu’on n’en trouveroit pas moins
dans le reste de leur étendue, si on avoit les mêmes moyens d’y
creuser.
Il y en a même fort peu dans les lieux bas et marécageux ; ainsi
l’OZ> qui parcourt tantôt des forêts basses et humides, tantôt des
rives escarpées, n’en a que dans ces derniers endroits : « Ubi adjacentes
colles arenosi proeruptamripam efficiunt. x Strahlenberg
avoit dit la même chose plusieurs années auparavant, sur la manière
dont ces os sont mis à nu dans les inondations (4). 1 2 3 4
(1) P a ll., Nov. com. Petrop., X I I I , p. 471 •
(2) Tilésius, Mém. d e l’Ac. de Pétersb., t. Y, p. 4^3, note.
(3) Nov. com. Petrop., t. X V I I , pour 1772, p. 576 et 6uiv.
(4) Strahlenb., loc. cit.
On en trouve à toutes les latitudes, et c’est du nord que vient le
meilleur ivoire, parce qu’il a été moins exposé à l’action des élémens.
Ce qui , indépendamment de cette prodigieuse abondance ,
exclurait toute idée d’expéditions conduites par les hommes, c’est
qu’en quelques endroits, aussi-bien qu’en France, en Allemagne ,
en Italie, en un mot comme partout, ces os sont réunis à une
quantité innombrable d’os d’autres animaux sauvages grands et
petits.
Les os sont généralement dispersés, et ce n’ est que dans un petit
nombre de lieux qu’on a trouvé des squelettes complets comme dans
une sorte de sépulcre de sable.
Ce qui est bien remarquable encore, c’ est qu’on les trouve souvent
dans ou soin; des couches remplies de corps marins, comme coquilles,
glossopètres et autres. Tel est l’extrait du récit de M. Pallas.
Une particularité qui n’ est pas moins frappante que toutes celles
que nous rapporte ce grand naturaliste, c’est qu’en quelques endroits
l’on a découvert des os d’éléphans qui conservoient encore des lambeaux
de chair ou d’autres parties molles ; l’opinion générale du
peuple en Sibérie est que l’on a déterré des mammonts encore
revêtus de leurs chairs fraîches et sanglantes : c’est une exagération;
mais elle est fondée sur ce qu’on trouve quelquefois ces chairs conservées
par la gelée.
IsbrandAdes parle d’une tête dont la chair étoit corrompue et
d’un pied gelé, et gros comme un homme de moyenne taille ; et
Jea nB em hard M illier d’une défense dont la cavité étoit encore
remplie d’une matière semblable à du sang caillé.
On douterait peut-être de ces faits, disions-nous dans la première
édition de cet ouvrage, s’ils n’étoient confirmés par un du même
genre, à l’authenticité duquel rien ne manque, celui du rhinocéros
entier déterré avec ses chairs, sa peau, son poil, auprès du V ilh o u i,
en 17 7 1 , dont nous devons à M. P a lla s une relation circonstanciée,
et dont la tête et les pieds sont encore conservés à Pélersbourg.
On a eu depuis deux confirmations encore plus directes.
La première est celle de l’éléphant des bords de Y A la seia ,
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