de forme par la trituration, comme étant des dents d’hippopotame;
mais c’ est là une erreur particulière dont nous parlons ailleurs.
Voilà l’exposé complet de tout ce qui étoit parvenu à ma con-
connoissance sur l’ostéologie de ce grand quadrupède, quand je donnai
la première édition de ces recherches ; à la vérité, il y avoit déjà,
dans ces documens, des moyens suffisans de reconnoître plusieurs
morceaux fossiles, tels que toutes les espèces de dents, les fragmens
de tête, etc. ; et comme il existe de ces morceaux dans les collections,
tout autant que de ceux des autres parties du corps dont l’ostéologie
étoit encore inconnue, on n’auroit pas dû mettre en doute
l’existence des os fossiles d’hippopotames, comme l’a fait M. Faujas-
de-Saint-Fond, dans ses essais de géologie.
Quoique je fusse parfaitement assuré de l’espèce des fossiles en
question, je sentis cependant que je serois mieux en état de mettre
la vérité dans tout son jour, lorsque le squelette entier de l’animal
seroit connu ; et après plusieurs efforts pour m’en procurer un
d’adulte, voyant que la suite de mes recherches sur les quadrupèdes
fossiles exigeoit que je m’occupasse enfin de cet objet, je pris
le parti auquel Daubenton avoit eu recours dans une occasion semblable.
Il avoit extrait un seul os d’un corps, de foetus; je fis préparer
lie reste du squelette ; mais comme les parties non encore ossifiées
se seraient raccornies par le dessèchement, et auroient perdu leur vraie
forme, je fis conserver le tout dans la liqueur. De cette manière
j’obtins, à peu de chose près, la forme de tous les os, la tête exceptée,
et j’en composai la figure de squelette que je donnai alors au public.
La tête étoit trop grande à proportion, et comme les dents n?y
étoient pas toutes sorties de l’alvéole, ni les sinus développés, sa
forme étoit très-différente de celle de l’adulte. J’y suppléai en la
remplaçant dans ma figure de squelette par une tête dessinée d’après
l’adulte. Il ne falloit pour cela qu’estimer jusqu’à quel point
celle-ci devoit être réduite pour l’adapter à mon petit squelette;
ou, ce qui revient au même, combien la longueur de la tête est
comprise de fois dans celle du corps entier de l’adulte ; les dimensions
extérieures données par divers auteurs, et les-individus empaillés
d’hippopotames, à ma disposition, me donnoient bien cette
proportion, mais je ne la trouvoispas égale partout.
Par exemple, selon Zerenghi, le corps entier a u ' 2". La tête 2' 4",
ou un peu plus d’un cinquième.
Selon Columna, i 3.-— 3. ou un peu moins du quart.
La figure de Columna fait la tête au corps comme 2 à 7.
Selon Daubenton, pour le foetus, 1'. 3". 7'".—‘5". 3"'. ou plus du
tiers.
L ’hippopotame de Leyde, selon Allamand, — 9'. 4”- B'".- 1 '• 1 p •
ou un peu moins du quart.
L ’hippopotame de La Haye selon Klokner, — i 3. 2.9. id.
La f ig u r e du petit hippopotame de Chantilly, fait la tête au corps
comme 1 à 4-
Selon Gordon, le mâle, — 11'. 4". 9 — 2'. B"., presque comme;
selon Zerenghi.
— La femelle-— 11 .—-2. 4- —
D’après ces differentes proportions, je crus pouvoir, sans beaucoup
m’écarter du vrai, donner à la tete a peu près le quart de la
longueur totale, la queue non. comprise, et ce fut sur ce pied que
je dessinai le squelette qui a servi de base aux comparaisons de ma
première édition ; mais depuis lors j ai eu le bonheur de me procurer
des matériaux plus riches.
En 1811 , j’ai vu et fait dessiner à Leyde, dans le beau cabinet
de feu M. Brugmans, les extrémités complettes d un hippopotame
d’âge moyen ; et en 1820, mes désirs- ont ete combles par 1 arrivée
du squelette entier d’un hippopotame’ parfaitement adulte , que
depuis long-temps je faisois demander partout, et qu enfin M. Dela-
Iande, naturaliste attaché au Muséum, a ete chercher à grands fi ais
et avec-de grands risques, sur les bords du fleuve dît Merg-rivier à
quarante lieues de la ville du Cap.
C’est d’après ce squelette, unique aujourd’hui en Europe, que je
donne mes nouvell’es figures et que je rectifie ma1 précédente description.