différentes, et alors sa structure totale étoit à plus forte raison différente.
Si l’on pouvoit s’eil rapporter entièrement au dessin, on trou-
veroit encore, i°. que l’arcade zygomatique est autrement figurée;
2°. Que l’apophyse postorbitaire du frontal est plus longue, plus
pointue et plus crochue ;
3°. Que le tubercule de l’oslacrymal est beaucoup plus gros et plus
saillant.
Dès que je connus ce dessin de Messersohmidt, et que je joignis
aux différences qu’il m’offroit celles que j’avois observées moi-même
sur les mâchoires inférieures et sur les molaires isolées, je ne doutai
plus que les éléphans fo s sile s n’eussent été d’une espèce différente
des éléphans des Indes.
Cette idée que j’annonçai à l’Institut, dès le mois de janvier 1796
(Mémoires de l’Institut, i re. classe, tome I I, p. 20 et 21 ) , m’ouvrit
des vues toutes nouvelles sur la théorie de la terre ; un coup d’oeil
rapide jetté sur d’autres os fossiles me fit présumer tout ce que j’ai
découvert depuis , et me détermina k me consacrer aux longues
recherches et aux travaux assidus qui m’ont occupé depuis vingt-
cinq ans.
Je dois donc reconnoître ici que c’est à ce dessin, resté pour ainsi
dire oublié dans les Transactions philosophiques depuis soixante-
dix ans, que je devrai celui de tous mes ouvrages auquel j’attache le
plus de prix.
Mais je ne me dissimulai point que les caractères qu’il m’offroit
avoient besoin d’être confirmés par quelque autre morceau ,
pour ne point être considérés comme individuels; et, malgré leur
accord avec ceux de la mâchoire inférieure, j’étois bien aise de voir
encore un dessin d’un autre crâne.
Je m’adressai à l’Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg,
et ce corps illustre, auquel j’ai aujourd’hui l’honneur
d’appartenir, répondit à mon voeu avec une générosité digne d’une
compagnie à laquelle les sciences doivent tant de progrès.
L’Académie me fit faire un superbe dessin colorié et de grandeur
naturelle, en profil k peu près rigoureux, d’un autre crâne fossile
de Sibérie, de sa collection. Elle le fit accompagner d’un dessin de
mâchoire inférieure, et de ceux d’un crâne de rhinocéros fossile
dans deux positions.
Ce dessin , après de longs délais occasionnés par les différends
politiques des deux pays, me parvint au moment où je mettois la
dernière main k la première impression de ce travail, et je fus
transporté d ’une joie que j’aurois peine k exprimer en y trouvant la
confirmation de tout ce que celui de Messerschmidt m’avoit
appris.
Le crâne qui a servi de modèle est un peu moins complet. Lesmâ-
chelières, une partie de leurs alvéoles sont enlevées, ainsi que la
partie moyenne de l’arcade zygomatique.
Mais rien de caractéristique n’y manque : même longueur et même
direction des alvéoles; mêmè grosseur du tubercule lacrymal, même
forme générale: tout en un mot nous montre que les crânes fossiles
, autant qu’onvles connoît, partageoient lés mêmes caractères.'
J’ai fait graver avec soin ce beau dessin dans ma pl. V I I I , fig. 2, au
sixième de sà grandeur, et l’original est aujourd’hui exposé au cabinet
du roi.
Depuis ma première édition j’ai pu observer de mes yeux k Florence
les mêmes caractères, dans un, crâne fossile en nature. C’est
celui dont a parlé M em y , et qui après avoir appartenu k feu F o n -
îa n a , est maintenant en la possession.de M. le comte Falsam achi
de Céphalonie. J’en donne des figures réduites au huitième, pl. I X ,
fig. î et 2. ‘
Bien que toute la calotte et les arcades soientenlevées, les alvéoles et
leurs rapports de grandeur et de position avec la mâchoire supérieure
y sont très-sensibles et l’on y peut juger de leur excessive longueur.
Encore plus récemment j’ai retrouvé ces longs alvéoles dans le
crâne des bords duVolga, gravé parM. Tilésius etdont je donne une
copie pl. IX , fig. 7. . .
Il est vrai que ce caractère ne se montre pas sur le grand sque-
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