Ainsi, comme il est raisonnable de croire que les coquilles,et les
poissons n’existoient pas à l’époque de la formation des terrains primordiaux
, l’on doit croire aussi que les quadrupèdes ovipares ont
commencé avec les poissons, et dès les premiers temps qui ont
produit les terrains secondaires ; mais que les quadrupèdes terrestres
ne sont venus que long-temps après, et lorsque les calcaires
grossiers qui contiennent déjà lu plupart de nos genres.de coquilles,
quoique en espèces différentes des nôtres, eurent été déposés.
Il est à remarquer que ees calcaires grossiers , ceux dont on se
sert à Paris pour bâtir , sont les derniers, bancs qui- annoncent
un séjour long et tranquille de la mer sur nos cantine ns. Après eux
l’on trouve bien encore des terrains remplis de coquilles et d’antres
produits de la mer, mais ce sont des, terrains meubles, des sables*
des marnes, des grès, des argiles, qui indiquent plutôt, des transports
plus ou. moins tumultueux qu’une précipitation tranquille; et,
s’il y a quelques bancs pierreux et réguliers un peu. considérables
au-dessous ou au-dessus de ces. terrains de transport, ils. donnent
généralement des marques d’avoir été déposés;, dans, l’eau douce.
Tous les os connus de quadrupèdes vivipares, so-pt donc, op, draps
ces terrains d’eau, douce, on dans ees, terrains de transport.,, et par
conséquent il y a tout lieu de croire, que ces quadrupèdes, n’ont
commencé à exister, ou du moins à laisser de leurs dépouilles dans,
nos couches, que depuis L’avant-dernière retraite de la, mer, et pen-,
dant l’état de choses qui, a, précédé sa. dernière irruption.
Mais 9 y a aussi un ordre dans la disposition de ees,os entre eux,
et cet ordre annonce encore, une succession très-remarquable entre
leurs espèces.
D’abord tous les genres inconnus aujourd'hui, les palæothériums,
les anoplothériums, etc., sur le gisement desquels on a des,notions
certaines, appartiennent aux plus anciens des. terrains dont il est
question ici-, à ceux qui reposent immédiatement sur le calcaire
PRÉLIMINAIRE,
grossier. Ce sont eux principalement qui remplissent les bancs réguliers
déposés par les .eaux douces ou certains lits de transport, tres-
ancieniiement formés, composes .en general de sables et de cailloux
roulés, et qui étoient peut-être les premières alluvions de cet ancien
monde. On trouve aussi avec eux quelques espèces perdues de genres
connus, mais en petit nombre, et quelques quadrupèdes ovipares
et poissons, qui paroissent tous d’eau douce. Des lits qui les recèlent
sont toujours plus ou moins recouverts par des lits de transport remplis
de coquilles et d’autres produits de la mer.
Les plus célèbres des espèces inconnues, qui appartiennent à
des genres connus, ou à des genres très-voisins de ceux que l’on
connoît, comme les éléphans, les rhinocéros, les hippopotames,
les mastodontes fossiles, ne se trouvent point avec ces genres
plus anciens. C’est dans les. seuls terrains de transport qu’on les
découvre, tantôt avec des coquilles de mer, tantôt avec, des coquilles
d’eau douce , mais jamais dans des bancs pierreux réguliers.
Tout ce qui se trouve avec ees espèces est ou inconnu comme
elles, ou au moins douteux.
Enfin les os d’espèces qui paroissent les mêmes que les nôtres ,
ne se déterrent que dans les derniers dépôts d’alluvions, formés
sur les bords des rivières, ou sur les fonds d’anciens étangs ou
marais desséchés, ou dans l’épaisseur des couches de tourbes, ou
dans les fentes et cavernes de quelques rochers, ou enfin à peu
de distance de la superficie dans des endroits où ils peuvent avoir
été enfouis par des éboulemens ou par la main des hommes; et
leur position superficielle fait que ces os, les plus récens de tous, sont
aussi, presque toujours, les moins bien conservés.
Il ne faut pas croire cependant que cette classification des divers
gisemens, soit aussi nette que celle des espèces, ni qu’elle porte
un caractère de démonstration comparable : il y a des raisons
nombreuses pour qu’il n’en soit pas ainsi.