Bagrat IV, et père de David ÌII, l’érigea sans
doute en l’honneur de son patron. Ce sont les
ornements de Koutaïs | les fenêtres sont très
belles. La coupole repose, comme à Koutaïs,
sur des colonnes basses et lourdes.
La cour qui entoure ces églises est très irrégulière,
bordée de constructions de tous genres
5 il y a caves, cellules des moines, qui sont
autant de maispnnettes à part en bois, perchées
sur des assises de rochers ; cuisines, logement de
l’archevêque-abbé, logement de l’archimandrite.
L’une de ces constructions, qui a aujourd’hui
plus l’air d’une vieille cave que d’autre chose, a
dû servir jadis de palais à quelque grand person-
nage, car il est orné d’un portique assez lourd,
il est vrai, mais où l’on n’a pas oublié les ornements
; la voûte est ornée de sculptures et de
formes baroques ; cela rappelle un peu ce qu’on
voit en Arménie. Non loin de là gémit une superbe
fontaine sous un autre portique. '
On nous logea dans une maison de moine en
bois, pourvue sur deux côtés d’une galerie en
bois suspendue sur l’angle des rochers qui bordent
une partie du monastère. Nous jouissions,
de cette galerie, d’une vue délicieuse sur toute
la vallée de la Tskaltsitèli et sur les montagnes
pittoresques qui l’enceignent. Nous pénétrions
vers le nord bien loin dans le coeur des montagnes
jusque dans le voisinage des glaciers que
nous masquaient ces nuages qui pèsent sur les
hautes sommités pendant la chaude saison. Dans
cette vallée qui était à nos pieds nous planions
sur une multitude de maisons ou de fermes
éparses au milieu de la verdure des bois et des
guirlandes de vigne; par-ci par-là perçaient
aussi quelques ruines de tours et d’églises couvertes
de lierres. Le Quamli (1), la vraie roche
de Prométhée, si singulièrement distinguée de
tous les points de l’ancienne Colchide, se dessinait
aussi supérieurement d’ici, avec ses roches
sauvages escarpées, comme le mur méridional
de la chaîne taurique. Derrière le monastère,
nous voyions dominer sur nous une muraille de
rochers calcaires, pareille au Quamli, comprenant
une multitude d’assises ; les pentes en sont
si escarpées qu’elles sont restées nues de végétation,
malgré la hardiesse que met la nature
dans ce pays à tout peupler, à tout couvrir de
sa verdure magnifique. Le vert ne reparaît que
sur la cime couronnée de cinq églises en ruines,
comme d’autant de créneaux.
Je crus, en passant par une espèce de couvent
de religieuses qu’on voit dans mon dessin au-
delà du monastère, au-dessus de l’église de Saint-
(1) Quamli ou K’omlien géorgien, signifie fumée. Pour
la roche de Prométhée, qui alla voler le feu du ciel, c’est
un beau nom.