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 doute  en l’honneur  de son  patron. Ce  sont  les  
 ornements de  Koutaïs |  les  fenêtres  sont  très  
 belles.  La  coupole  repose,  comme  à  Koutaïs,  
 sur des colonnes basses  et lourdes. 
 La cour  qui  entoure  ces  églises est  très  irrégulière, 
   bordée de  constructions  de  tous  genres  
 5  il y  a  caves,  cellules  des moines,  qui sont  
 autant de maispnnettes à part en bois,  perchées  
 sur des assises de rochers ; cuisines, logement de  
 l’archevêque-abbé, logement de l’archimandrite.  
 L’une  de  ces  constructions,  qui  a  aujourd’hui  
 plus  l’air d’une vieille cave que  d’autre chose,  a  
 dû servir jadis de palais à quelque grand person-  
 nage,  car il est  orné  d’un portique assez  lourd,  
 il est vrai, mais où  l’on n’a pas  oublié les  ornements  
 ;  la voûte  est  ornée  de  sculptures  et  de  
 formes baroques ;  cela rappelle un peu ce qu’on  
 voit  en  Arménie.  Non  loin  de  là  gémit une  superbe  
 fontaine sous un autre portique. ' 
 On  nous  logea dans une maison de moine en  
 bois,  pourvue  sur deux côtés  d’une  galerie  en  
 bois suspendue sur l’angle des  rochers qui bordent  
 une  partie  du monastère. Nous jouissions,  
 de cette  galerie, d’une  vue  délicieuse  sur  toute  
 la  vallée  de la Tskaltsitèli  et sur les montagnes  
 pittoresques  qui  l’enceignent.  Nous  pénétrions  
 vers  le nord  bien  loin dans  le  coeur  des montagnes  
 jusque dans  le voisinage  des  glaciers que 
 nous  masquaient  ces nuages  qui  pèsent  sur  les  
 hautes sommités pendant la chaude saison. Dans  
 cette  vallée  qui  était  à  nos pieds nous  planions  
 sur  une  multitude  de  maisons  ou  de  fermes  
 éparses au milieu  de la  verdure des bois  et  des  
 guirlandes  de  vigne;  par-ci  par-là  perçaient  
 aussi quelques ruines  de  tours  et d’églises couvertes  
 de  lierres. Le Quamli (1),  la vraie  roche  
 de Prométhée,  si  singulièrement  distinguée  de  
 tous les points de l’ancienne Colchide,  se  dessinait  
 aussi  supérieurement  d’ici,  avec  ses roches  
 sauvages  escarpées,  comme  le  mur  méridional  
 de  la  chaîne  taurique.  Derrière  le  monastère,  
 nous voyions  dominer sur nous une muraille de  
 rochers calcaires,  pareille  au Quamli,  comprenant  
 une multitude d’assises ;  les pentes en sont  
 si escarpées  qu’elles  sont  restées  nues  de  végétation, 
   malgré  la  hardiesse  que  met  la  nature  
 dans  ce  pays à  tout  peupler,  à  tout couvrir de  
 sa verdure magnifique.  Le vert ne  reparaît  que  
 sur  la cime couronnée de cinq églises en ruines,  
 comme d’autant  de créneaux. 
 Je crus, en passant par une espèce de couvent  
 de religieuses  qu’on  voit  dans  mon  dessin  au-  
 delà du monastère, au-dessus de  l’église de Saint- 
 (1)  Quamli ou K’omlien géorgien,  signifie fumée. Pour  
 la roche de Prométhée, qui alla  voler  le  feu  du  ciel, c’est  
 un beau nom.