et les plus doux présents des vendanges dissipent
le souvenir de nos maux. »
On ne se presse pas de manger ni de boire,
mais on mange et on boit beaucoup. Boire une
tonga ou la valeur de cinq pintes de vin à son
dîner n’est rien d’extraordinaire, et il n’y a pas
moyen d’éviter de boire ; le maître de la maison
vous ayant félicité sur votre bienvenue, chacun
s’empresse de le faire à son tour, et vous
êtes obligé d’y répondre en buvant à leur santé
pour les remercier..... Cela fait une suite de
santés à n’en pas finir ; on a beau s’en défendre,
on n’en est pas quitte à moins d’une huitaine de
cornes ou de verres de vin, que la politesse la
plus urgente vous force de vider, sous peine de
passer pour quelqu’un qui n’a aucun usage du
monde.
Les personnes qui veulent se témoigner de
l’amitié boivent dans le même konla, espèce de
vase à boire, muni d’un long col étroit par lequel
le vin s’échappe en glougloutant. M. Gamba
en a donné un dessin dans son atlas.
Le repas fini, on emporte les tables, dont les
débris vont dehors rassasier les domestiques et
ceux qui n’ont osé se lancer dans la haute volée
des convives. On a toujours soin de mettre de
côté quelque chose des bons morceaux pour ceux
qui ont servi.
De l’eau chaude que l’on verse dans le creux
de la main, et dont on se rince la bouche et les
dents, dont on se lave la moustache, met le complément
à la grande oeuvre du repas.
Le vin de Bagdad et de ses alentours, qui est
rouge, passe pour un des meilleurs vins d’Imé-
reth, et fournit en majeure partie les cantiniers
de Koutaïs.
Ce jour-là je partageai les honneurs du festin
avec le prince Eristaf, et Jean-Baptiste Démangé,
qui savait le géorgien, répondit en mon
nom aux compliments qu’on me fit, m’expliquant
en même temps le rituel du festin. Après
une fort longue séance, chacun chercha un coin
par terre pour y étendre les feutres de sa selle,
se coucher dessus et y passer la nuit. Point de
luxe, point de cérémonies sur cet article; le
mieux partagé est celui auquel on cède l’honneur
du tronc ou de la poutre énorme, qui fait
quelquefois comme lit l’ornement des sacles qui
sont destinés aux étrangers ; elle est légèrement
creusée pour contenir le corps du dormeur, et
sa tête repose mollement sur une espèce d’oreiller
qu’on a ménagé en taillant la poutre.
Bagdad est le chef-lieu d’un district russe.
Jadis , avec Dimmi, Roketti, Vartsikhé, etc., il
faisait partie du district imérétien de Perséthi ou
Persati.
Le a septembre i notre cavalcade s’achemina vers
Khané ou Khani; outre le prince Eristaf, elle