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J’ai décrit plus haut un cinquième passage plus
fréquenté que ces derniers et plus commode par
les cols du Maroukh et leTsébelda. Dioscourias
gardait cette grande route.
Malgré les soins que les Lazes mettaient à veil-
,1er sur les Huns et les autres nomades du nord
du Caucase, ils ne purent pas toujours les empêcher
de pénétrer dans la Lazique. En 282 de
J. C. environ, sous le règne de Dioclétien, Sau-
romates V, roi du Bosphore, fils de Rescou-
poris V, ayant rassemblé une grande armée de
Sarmate§ (Ossi, etc.) des bords du Palus, traversa
les montagnes, tomba sur la Lazique et la
ravagea, étendant ses incursions jusqu’au bord
du fleuve Halys, où Constance Chlore, hors d’état
de lui résister, aurait été obligé d’acheter, au
poids de l’or, une paix honteuse, si les Chersoné-
siens avertis du danger que courait l’empire, ne
fussent tombés à l’improviste sur Panticapée,
privée de son roi et de ses guerriers ; ils envoyèrent
ensuite dire à Sauromates qu’il eût à se
retirer et à rendre ses prisonniers et tout le
butin, s’il voulait qu’on lui rendît sa capitale intacte.
Sauromates fut obligé de se soumettre à
ces dures conditions et repassa, très-afïligé , les
montagnes, en s’en retournant par où il était
venu, c’est-à-dire, soit par le Tsébelda, soit
par le Souanèthi,.
Les Huns Onogores forcèrent aussi les passa-
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ges des montagnes dans le cinquième siècle ;
mais ils furent si bien reçus par les Lazes, au débouché
de la Tskhénitskali, dans la plaine du
Phase, que peu repassèrent- les montagnes.
Les Lazes qui avaient déjà en partie embrassé le
christianisme, fondèrent, sur le champ de bataille
, une église dédiée à Saint-Etienne, et un
bourg nommé Onogouris, en mémoire des vaincus.
C’est aujourd’hui le grand bourg d’Oni ou
Khoni, dont l’église antique , toujours dédiée à
Saint-Etienne, est ün des plus vieux monuments
de l’architecture caucasienne, servant de résidence
à un archevêque (Mthavar épiscopossi. )
La Lazique et la grande lutte de Justinien
et de Khosroës.
Pendant le cinquième siècle, les troubles de
l’empire de l’Orient avaient relâché les lienS qui
unissaient les Lazes aux Romains. Nous avons vu
que Gobazès avait même voulu se soumettre au
roi de Perse, et que ce ne fut que l’autorité vigoureuse
de Marcien qui le retint, en 456 , sous la
discipline romaine. Sous les successeurs de Gobazès
il en fut autrement.
L’empire d’Orient, et en général tout ce qui
était chrétien, avait trouvé dans les Sassanides
de Perse, des ennemis acharnés.l / L»a confession
du christianisme; de la part des empereurs, avait