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 consistait, comme  le  dit Procope,  et  comme on  
 peut  le voir  encore  aujourd’hui,  en  une  forteresse  
 haute,  placée  sur  une  colline  bordée de  
 précipices, et en  une forteresse basse qui s’étendait  
 sur  le premier  terre-plein  un  peu uni,  qui  
 laissait à  gauche  la Tékhouri  en  s’échappant des  
 montagnes.  La forteresse basse  était  abordable  
 par la plaine, quoique le sol ne  fût pas uni.  Des  
 bois épais  et impraticables,  des  précipices  défendaient  
 les portes  de  la  forteresse  d’en haut ;  
 un double mur parallèle protégeait  ceux qui allaient  
 chercher l’eau à la rivière. 
 Merméroës bien  au fait  des  localités,  disposa  
 ainsi son attaque ;  il fit faire par les Sabirs de son  
 armée, des béliers pareils à ceux de Pétra, et les  
 disposa avec  ses éléphants contre les portes de la  
 forteresse  d’en bas, pendant  qu’il  envoyait  les  
 Dolomites  de  son  armée  contre  la  forteresse  
 d’en haut.  Ces Dolomites,  originaires du Dilem,  
 contrée très-montagneuse  au sud de la Mer Caspienne, 
   étaient habitués aux rochers et aux précipices; 
  leur adresse était extraordinaire; un boucher, 
   un  glaive,  trois  traits,  telles  étaient leurs  
 armes.Courant sur les corniches et sur les avances  
 des rochers, attaquant tantôt d’un côté, tantôt de  
 l’aiitre,  ils  fatiguaient beaucoup  les assiégés  du  
 fort  d’en haut, pendant que  les Perses  et les Sabirs  
 accablaient  les Romains du  fort d’en bas. 
 Odonachus  et Babas qui commandent  dans  la  
 ville,  sentant le danger de leur position, ordonnent  
 une sortie. Tout le mohde, à l’exception de  
 quelques soldats qu’on laisse pour garder les créneaux  
 ,  se  rassemble  devant  les  portes pour se  
 les faire ouvrir, quand  un  trait d’une noire trahison  
 faillit  entraîner  la  perte  de  la ville.  Un  
 noble laze qui demeurait dans Arkhéopolis, avait  
 promis  de mettre  le  feu  aux  magasins  romains  
 pendant  la  chaleur  du  combat.  Il tint parole,  
 la flamme éclata  au moment où l’on se préparait  
 à  faire  cette  sortie.  Odonachus et Babas,  bien  
 loin  de  se  laisser  intimider,  ordonnent  aussitôt  
 à  une  partie  des  leurs  de  courir  au  secours  
 ,  tandis  qu’ils  se  font  ouvrir  les portes et  
 tombent sur leurs ennemis avec le reste de leurs  
 soldats. 
 Les Perses qui ne supposaient pas la possibilité  
 d’une  sortie dans un  moment si  critique,  continuaient  
 leur  attaque  sans précaution  et regardaient  
 le  feu.  Tout  à  coup  les machinistes  sont  
 taillés en pièces, les archers mis en fuite; un éléphant  
 blessé  se  retourne  contre les Perses,  et  
 prenant  l’épouvante ,  rompt les rangs des autres  
 éléphants.  Les Barbares  reculent partout,  massacrés  
 impunément par les Romains qui les poursuivent. 
 Les Dolomites  qui voient d’en  haut ce qui  se  
 passe,  prennent  aussi  lâchement  la  fuite.  Les