Parmi les tableaux qui ornent l’Iconostase (i)r
il y en a plusieurs d’une grande richesse en or
ciselé couvert de pierres précieuses grossièrement
polies. Je remarquai surtout un nombre
infini d’émaux byzantins. Les champs des différentes
couleurs sont tous limités ou encadrés
par des filets d’or; d’ailleurs les couleurs et les
traits des figures sont exactement les mêmes
que ceux de ces émaux qu’on a trouvés* à Kiëf
au commencement de ce siècle, et dont l’un représente
, à ce qu’on suppose, sainte Olga. On
voit qu’ils viennent de la même fabrique. Plusieurs
inscriptions sont en géorgien sur un fond
d or; mais le plus grand nombre est en grec.
Il parait que de Constantinople venait ce genre
de peinture, importe en Colchide par quelques
artistes lorsque ce pays était remonté au faîte
de la puissance et de la civilisation sous une
suite non interrompue de princes distingués.
Chacun de ces rois s’empressa d’y introduire les
aits et les sciences, d’attirer des ouvriers de
tous genres , des architectes , des peintres à
fresque et en émail, etc. La Colchide a changé
depuis.
Quelques-uns de ces émaux sont assez gros—
(1) On donne ce nom à la mince paroi couverte de tableaux,
de reliques, etc., qui sépare chez les Grecs le
choeur de l’église.
sièrement travaillés; le costume est le plus souvent
bleu, comme la Sainte-Vierge de la mosaïque.
Une partie de ces émaux, surtout ceux avec
des inscriptions grecques, n’appartenaient pas
d’origine à l’église de Ghélathi. Les patriarches
de Pitzounda, en se sauvant de leur métropole
désolée, ont emporté ce qu’ils ont pu de leurs
livres et de leurs richesses, qu’ils ont déposés
dans leur résidence de Ghélathi. Le trésor de
l’église en est la preuve. On eut la complaisance
de me le faire voir dans son entier; on étala devant
mes yeux étonnés tout ce qu’il renfermait.
Les ornements sacerdotaux sont d’une grande
richesse; les ceintures, les mitres, sont brodées
en perles fines ; on a prodigué sur ces dernières
les pierres précieuses, tant saphirs, rubis que
turquoises. On me montra une assez grande
pierre qu’on croyait être un diamant; l’eau en
est terne,* et je n’ai reconnu aucune facette.
Les coupes, les plateaux, les croix, sont enrichis
de pierreries ; ce que j’ai vu de plus intéressant
m’a paru être la couronne qui servait au sacre
des rois du pays ; elle était brodée en perles fines,
ornées de pierres précieuses, et surmontée d’une
croix faite avec des pierres de couleurs, dont
aucune n’est taillée.
L’église de Saint-George est la plus ancienne
des trois églises du couvent. George II, fils de