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 au milieu  de  ses  nymphes,  les  cimes  nues  et  
 schisteuses  qui  l’entourent.  Au  milieu  de  ces  
 schistes paraît une masse  d’un vert pâle,  que je  
 suppose être du micaschiste. Le pic de l’Îthanissi  
 n’est couvert  de neige qu’en partie, 
 A l’E,  N.  E.  s’élève  avec plus  de majesté  encore  
 le  Grand Digorski,  ou  grande montagne  
 dougorienne,  apanage  des Ossètes,  et  l’un  des  
 angles  de  la  chaîne  du  ïfadéla  ;  il  consiste  en  
 porphyre dioritique ou  en  granit. 
 Enfin,  en face  du  débouché de  la  vallée,  au  
 S.  E ., le Katitsvéri, avec  ses  schistes, montrait  
 ses taches de neige. 
 Je  ne  pouvais  apercevoir  aucune  partie  du  
 Passmta qui était masqué. 
 J’avais fait fort heureusement mon  excursion  
 avec le prince Djaparidzé jusqu’à Ghébi où nous,  
 arrivâmes  vers  une  heure.  Nous  débouchâmes  
 avec  toute  notre  troupe  au milieu  du  village  
 ,  et  nous nous  assîmes  sur quelques bancs  
 de  pierre  adossés  à un  de ces  antiques manoirs  
 villageois,  avec  sa  tour  de  70  pieds  de haut,  
 bien plâtrée,  percée  de meurtrières bordées de  
 peintures  grossières,  barbouillée de jaune et de  
 rouge,  et surmontée de  croix ou de mains. 
 Le prince Djaparidzé était mourave de Ghébi;  
 je n’avais donc à m’inquiéter de rien. Cependant  
 pn promena  longtemps  les chevaux,  on  les  désella, 
   on  les  mena  à  un pâturage,  et  de  temps  
 en  temps  je  disais  au prince  :  «  Qu’allons-nous  
 faire  ici ?  dînerons-nous,  ou  ne  dînerons-nous  
 pas?  car j’ai affaire et peu de  temps à perdre. —   
 Et  sûrement  nous  dînerons,  et  cela  à  l’instant,  
 j ’ai déjà dit qu’on  eût  à nous  recevoir,  » 
 Quelques habitants de Ghébi étaient venus voir  
 qui nous  étions ,  et  ce  que  nous  faisions ; mais  
 malgré  les ordres de leur mourave, personne ne  
 bougeait. Je m’impatientais ; je voulais faire quelques  
 courses. Attendez encore un moment, me  
 disait-on.. . .   Et il était nuit que nous ne savions  
 pas même bien si  on nous logerait quelque part, 
 oui  ou non.  . 
 Enfin l’un des habitants eut la charité de nous  
 recueillir dans un de ses greniers à blé,  qu’il fallut  
 vider  et  balayer  avant  que  nous  pussions  
 nous  y  établir  autour  d’un  feu qui n’avait d’autre  
 cheminée  que la porte dans un endroit si bas  
 qu’il fallait s’y tenir courbé. Ce ne  fut qu’à force  
 de  prières  que  nous  reçûmes  quelque  chose  à  
 manger,  et  ce  fut  pour  moi  particulièrement  
 qu’on  eut quelque  sentiment de pitié. 
 Heureusement  que  nous  avions  encore quelques  
 provisions de bouche; mon Nicolas était un  
 second  Sancho  sous  ce rapport,  et jamais  il  ne  
 se  mettait  en  route  sans  garnir,  tant  bien  que  
 mal,  sa courgine à provisions,  de pain, de pou-r  
 lefs 011 d’autres débris  qui  composaient  nos  re^