élevées de 5o à 60 pieds au-dessus du courant
du Kour, quoiqu’elles n’en soient séparées que
par une digue qui n’est composée elle-même que
de ces gros blocs de trachyte.
A im verst au-delà du petit lac, nous traversâmes
un ravin qu’arrose la seule eau courante
de la rive gauche du Kour : elle est amenée de
loin et passe par le village de Nakolakévi qui se
distingue de loin par son ancienne église fort
bien travaillée, et enrichie de moulures. Nakola—
kévi était jadis une ancienne ville, qui s’est réduite
en ces quelques maisons qu’on y voit aujourd’hui.
Puis nous longeâmes un second village qui
s etend encore dans l’enceinte du cirque : mais
derrière le village les parois se rejoignent et ferment
la vallée, et le Kour étranglé derechef
sort de son écluse supérieure en tournoyant et
en mugissant. Sa direction avait été jusqu’ici
Ouest vers Est ; il la change tout à coup en entrant
dans le cirque, pour couler vers le Nord.
Je m’étais arrêté quelques moments pour examiner
cet imposant théâtre de tant de révolutions
volcaniques, où régnait maintenant la paix,
ou les villages s’étendaient, se renouvelaient
comme par générations. Nicolas seul qui ne
m’abandonnait jamais , était resté à côté de moi,
témoignant l’intérêt qu’il prenait à tant d’objets
nouveaux pour lui. Cosaques, officiers, guide,
nous avaient laissés dans notre contemplation
s a n s songer à nous attendre. Ils avaient disparu
pour nous et nous cherchâmes a les rattraper.
Cela alla bien tant que nous fûmes dans le fond
du cirque. Mais arrivés derrière le village, a cet
affreux étranglement du Kour, ou trouver
notre chemin dans ce chaos hérissé de pics,
d’aiguilles, de massifs éboulés grands comme des
maisons; nous criâmes ; personne ne nous répondit.
Le sentier que nous avions pris au hasard
, était plus fait pour des chamois que pour
des cavaliers. Déjà nous avions fait un bon bout
de chemin dans ce dédale de débris d’un monde
fracassé, escaladant toujours, passant sur de
vieilles murailles ou sur d’antiques masures
qu’on était venu enchâsser jusqu’au milieu de
ces rochers quand nous remarquâmes enfin qu’il
était impossible que ce chemin nous menât à
Vardsie. Il nous fallut redescendre ; nous découvrîmes
heureusement le vrai sentier qui n’était
guères meilleur que l’autre et où nous trouvâmes
nos compagnons de voyage, qu’une légère
inquiétude avait pris et qui nous attendaient.
Le chemin dans cet étranglement du Kour se
glisse sur quelques assises du rocher, et il est
tel qu’il faut se pencher sur l’abîme pour ne pas
frapper de la tête contre la corniche du roc, et
que le cheval n’a que la place la plus strictement
nécessaire pour passer outre.
Cependant ce n’était pas ici qu’il fallait se laisser