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rébellion manifeste. Jean reçut même de l’empereur
une lettre conforme à ce discours* adressée
aux généraux et partit pour la Lazique.
Martin et Rustique, après la lecture de cette
lettre, se crurent maîtres de la vie de Goubazès ;
il ne s’agissait que de donner une couleur de
rébellion à sa conduite. Sans faire part de leur
dessein perfide à ceux qui les accompagnaient,
ils partirent avec un détachement de cavalerie
pour aller proposer à Goubazès d’attaquer de
concert le château d’Onogouris. Goubazès qui
était dans la Mingrélie actuelle, averti de leur
approche, vint par honneur au-devant d’eux
jusqu’au bord du fleuve Khobus ou Khopi.
Leur rencontre eut lieu dans le voisinage du village
de Khorga.
Goubazès qui était sans soupçon * était aussi
sans défense, et n’avait avec lui que les officiers
de sa maison. Lorsqu’ils furent réunis , ils s’entretinrent
sans descendre de cheval ; et Rustique
prenant la parole, proposa à Goubazès le siège
d’Onogouris, qu’il était honteux de voir dans les
mains d’une poignée d’ennemis. Le roi répondit
que les succès des Perses en Lazique ne devaient
être imputés qu’à la négligence des Romains;
que c’était à eux à reprendre Onogouris qu’eux
seuls avaient laissé prendre, et qu’il n’entrerait
pour rien dans les hasards de la guerre , que les
Romains n’eussent réparé leurs fautes passées. Ce
refus parut suffire pour fonder une preuve de rébellion,
et Jean le délateur lui porta sur-le-champ
un coup de poignard dans la poitrine. Lecoup n’était
pas mortel; mais Goubazès ayant les jambes
croisées sur le col de son cheval, tomba par terre,
et un garde de Rustique l’acheva par ordre de son
maître. Les officiers romains qui n’étaient pas
prévenus, voulurent défendre Goubazès ; on les
arrêta en leur disant que tel était l’ordre de
l’empereur. Ils furent saisis d’horreur et d’effroi.
L’atrocité de cet assassinat jeta la consternation
dans l’armée des Lazes, qui vinrent en frémissant
enlever le corps de leur roi, et après lui
avoir rendu les honneurs funèbres, outrés de
désespoir, ils s’éloignèrent des Romains comme
d’une nation meurtrière, et rompirent tout commerce
avec eux.
Martin fut d’avis de marcher sur-le-champ à
Onogouris , comptant sur le succès, et espérant
ainsi pallier son crime. On se disposa à l’attaque.
Surces entrefaites on fit prisonnier un soldat
perse qui rôdait autour du camp, et qu’on mit à
la torture. Il avoua que Nalhoragan qui était
en Géorgie, l’avait envoyé pour encourager la
garnison, par la promesse qu’il arriverait bientôt
avec une nombreuse armée : il ajouta que
les Perses qui campaient à Moukhérisis, s’avancaient
au secours de la place au nombre de
3,000. Les avis furent partagés sur ce qu’il y