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Justinien, pour lui exprimer sa misère et ses regrets
de 1 avoir trahi, le suppliant de venir à son
secouis. Justinien lui expédia,: sur—le-champ,
7 ,ooo Romains et î ,ooo Tsanes, sous le commandement
de Daghistée, qui mit de suite, de concert
avec Goubazè§, le siège devant Pétra.
A 1 ouïe d un pareil revirement, Khosroës fut
fort inquiet et envoya de son côté le célèbre
Merméroës avec une grande armée, pour défendre
la Lazique. Goubazès, prévenu de son approche
, s’empressa de communiquer à Daghistée
les moyens de lui fermer l’entrée de la Lazique*
Les Perses pouvaient pénétrer par deuxpoin ts.
L’un par les gorges de la K hanitskali, le Boas
de Procope; l’autre par les défilés de la Tchekhé-
riméla, par lesquels Khosroës avait pénétré en
Lazique en 54î. Par le premier passage, les
Perses pouvaient arriver directement de la Per-
sarménie ; par l’autre il fallait traverser les populations
karthles.
C est ainsi que j’interprète ce passage de Procope,
de Bello Persico, II , liv. 2g. Il dit expressément
, que le Boas dont il est question, a sa
source tout près des frontières de la Tsanique,
chez ces Arméniens qui habitent autour du-Pha-
rangium (vallée du Tchorok et Adjara) ; qu’il est
très-petit, qu’on peut le passer pari oui jusqu’à
l’endroit où sont à droite les frontières de l’i-
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bérie et vis-à-vis la fin du Caucase, ce qui ne
peut s’interpréter ici que de la Khanitskali qui
répond à toutes ces conditions.
Goubazès chargea Daghistée de garder ce passage,
tandis qu’il irait lui-meme defendre les
gorges de la Tchekhériméta et de Vakhan avec
ses Lazes, les Ossi (Alains) et les Sabires, ses
auxiliaires pour trois quintaux d or.
Les Lazes démantelèrent alors tous les lieux
fortifiés, dans lesquels les Perses auraient pu
s’établir; ils ruinèrent ainsi Koutaïs, Vartsikhé,
Sarapane, Skanda.
Daghistée, jeune homme sans expérience, au
lieu de prendre ces conseils de Goubazès au sérieux,
n’envoya que 100 hommes dans les défilés
de la Khanitskali, restant lui-même à Pétra
dont il s’amusait à poursuivre le siège, en s’en
promettant de grands honneurs.
La garnison qui d’origine consistait en i , 5oo
hommes, se défendait en désespérée. Les Romains
avaient fait miner une partie des murailles,
qui s’écroula tout à coup. Un grand bâtiment
qui se trouvait, heureusement pour les assiégés,
devant cette brèche, leur tint lieu de second
rempart.
Néanmoins Daghistée regardant ce petit avantage
comme un garant du succès, s’était hâté
d’écrire à Constantinople que Pétra allait être
pris, fixant d’avance les grâces qu’il croyait mé