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les Arméniens ont fait le nom cle ïlctiganiens
qu’ils se donnènt à eux-mêmes.
N’est-il pas singulier que précisément à l’époque
cle ce Bélus et de Sémiramis, c’est-à-dire
vers la fin du quatorzième siècle avant J.-C., les
Grecs placent les expéditions de Plirjxus et des
Argonautes, et l’histoire de ce fameux roi Aëthes,
dont le renom se répandit jusque dans la Grèce,
et attira ces aventuriers. Cet Aëthès ne serait-il
point le Hhaos, le Haïg des mythes de l’Arménie
et de la Géorgie? Je n’aurais pas de peine à
adopter ce synchronisme.
Les Grecs lui donnent une origine théogo-
nique qui a beaucoup d’analogie avec celle des
Chaldéens, des Arméniens et des Géorgiens.
Ceux-ci font venir Hhaos de la ville du Soleil,
de Babylone. Ceux-là lui donnent pour père et
pour mère le Soleil et la nymphe Persès, fille du
Soleil (1), et pour soeur la célèbre Kirké que
nous prononçons Circé.
Parmi les fables et les mythes de la Grèce il se
trouve toujours quelque élément d’un fait historique.
Les rapports qui existaient très anciennement
entre les Grecs et les Kolkhes ou Colches
sont mentionnés par tous les auteurs ; mais les
faits les plus marquants, ceux qui se sont le
(1) Hésiode, dans sa Théogonie; Homère, Odyssée,
liv. X, v. i35.
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mieux conservés, sont les expéditions de Phry-
xus et des Argonautes. Elles n’ont pu.avoir lieu
à de grandes distances l’une de l’autre': toutes
les deux se font sous le même roi, sous Aëtès.
Phryxus se sauve de la Béotie avec sa soeur
Hellé, monté sur un vaisseau à la poupe de be-
lier, et va débarquer àj l'embouchure du Phase
où il ensevelit sa malheureuse soeur qui s’était
noyée pendant le trajet. Il est reçu par Aëtès
dont il épouse la fille Evénia, surnommée Chal-
ciopé, qui lui donne plusieurs enfants. Il fonde
sur les rives de IaKvirila, dans la Moskhike, le
Fanum de Leucothoë, riche autrefois, mais que
pillèrent Pharnace et Mithridate de Pergame.
La Moskhikè comprenait tout ce groupe de montagnes
et de vallées qui sont circonscrites par la
vallée de Bardjom, la Karthalinie, et la vallée de.
la Kvirila. Les Colches en avaient une partie, les
Iberes ou Géorgiens une autre, les Arméniens
la troisième partie : c’est dans la portion des
Ibères que Phryxus bâtit la ville de Polychnium,
autrement Idessa (1), endroit des mieux défendus
(2).
(1) C’est peut-être Souram.
(2) Strabdn, p. 479? êd. Bas. Le nom de Meskhes est
géorgien pour les peuple^ de la Moskhike ou Moschique.
Ce nom doit être de toute ancienneté. Ezéchiel l’emploie
déjà, ch. XXVII, v. 13 , quand il fait la description du
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