rêts pour le Karthli inférieur et même pour
Tiflis : car ce n’est que d’ici que les radeaux
chargés de bois commencent à trouver le Kour
navigable ; encore ne peut-on que très-peu les
charger, à cause du peu de profondeur de la
rivière. Ils vont si vite qu’ils devancent les
chevaux au trot. Plus haut, le Kour coule avec
une plus grande rapidité, et écume le plus souvent
sur les pierres qui l’encombrent ; ce qui
rend toute navigation impossible.
Le schiste dure jusqu’au neuvième verst et se
termine sur la rive gauche par un pic d’une
masse basaltique à grandes colonnes prismatiques
légèrement inclinées : sur leur tête repose
la tour de Bardjom qui fermait le chemin toujours
taillé dans le roc vif jusqu’au pied de la
tour. Cette tour de Bardjom passée, la vallée
s’ouvre tout à coup, sur la rive gauche, et présente
a l’oeil étonné une vaste plaine, qui va
en s’élargissant, nivelée comme l’onde d’un
golfe entre deux chaînes de montagnes. Nous
voilà dans le beau et fertile Karthli, et nous
avons quitté enfin les ruines et les escarpements
déchirés et sauvages de la vallée de Bardjom.
Espérons que sous le gouvernement actuel, cette
belle vallée, susceptible de tous les genres de
culture, si heureusement placée comme un pont
entre Akhaltsikhé et le Karthli, redeviendra ce
qu’elle a été jadis, riche, populeuse et florissante.
Le Karthli, ou nous entrions, rappelant après
trois mille ans Karthlos, le premier roi de Géorgie,
qui lui donna son nom, s’étend au nord du
Kour jusqu’au pied du Caucase. Les deux moitiés
de la chaîne de montagnes qui encaissent le Kour,
et forment les flancs de la vallée de Bardjom,
se séparent à la tour de ce nom pour ne plus se
réunir. La moitié qui est au nord du Kour s’en
Va rejoindre les hautes cimes du Caucase, formant
ce contre-fort, ce coude comme dit Stra-
bon, qui sépare le Karthli de l’Iméreth. L’autre
moitié gardant son allure de l’ouest à l’est, sert
presque toujours de rive droite au Kour jusqu’à
Tiflis; ses pentes sont boisées et schisteuses.
La quarantaine de Langhaus, devenue inutile
depuis que la Russie est maîtresse d’Akhaltsikhé,
est abandonnée.
Je trouvai à 5 verst au-delà de la quarantaine,
(c’est-à-dire au quinzième verst) deux tumulus ou
cônes en terre ; ils sont énormes et l’on a bâti
la petite église de Kvichevêti sur l’un deux. Je
fus d’autant plus surpris de cette vue, que je
n’avais pas encore vu de tumulus dans les contrées
transcaucasiennes quej’avais parcourues ( 1 ).
(1) Je remarquerai que selon toute vraisemblahce c’est