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 Russes  voulaient  assiéger en  1828. 
 Les  Russes  débouchèrent  par  la  vallée  de  
 Bardjom,  pendant  qu’ils  envoyaient  un  corps  
 d’observation par  la route de  Koutaïs.  Ils  s’arrêtèrent  
 d’abord  au  pied de  cette  colline  noire  
 de porphyre qui borde la rive gauche du Poskho  
 et qu’un  bas-fond de 2  à  3  verst  séparait  de  la  
 ville  (1).  Leurs batteries  érigées  sur le  sommet,  
 commencèrent à battre les flancs de la forteresse  
 et à tirer sur la ville, mais  ce fut sans succès ;  la  
 distance était  trop  grande.  Les Russes transportèrent  
 alors  leur  point  d’attaque  sur un plateau  
 élevé  de  la  rive  droite de  la  rivière.  Rapprochant  
 toujours  davantage  leurs batteries, à mesure  
 qu’ils refoulaient les Turcs dans  la ville, ils  
 trouvèrent enfin moyen  de s’établir sur le sommet  
 d’une  autre  colline  de  la  même  rive,  qui  
 regarde  en  face  la  forteresse  et  la  domine  en  
 partie. Maîtres de  cette position,  d’où ils canon-  
 naient la citadelle d’assez près,  les Russes  firent  
 déboucher  le  corps  d’observation  de  Koutaïs,  
 auquel  se joignit une partie  de  l’armée de siège,  
 par  les hauteurs  qui maîtrisent  la  ville,  en venant  
 par le  chemin  que nous  avions  suivi.  Mon  
 guide Nicolas qui avait été de l’expédition, m’ex- 
 (1) Voyez  Atlas,  II  série pittoresque,  pl  20. 
 pliquait les différentes  circonstances de  cette attaque, 
   à mesure que nous  avancions. 
 Les Turcs  les  attendaient  sur la hauteur hors  
 de  la  ville;  ils  soutinrent  le  choc  des  Russes,  
 avec  la  plus  grande  bravoure;  il  tomba beaucoup  
 de monde de part et d’autre, avant que ces  
 derniers pussent s’approcher de la porte du rempart  
 qu’il  fallut  emporter  à  la  baïonnette.  Les  
 Turcs , selon  leur coutume, ne se rendaient pas;  
 ils  préféraient  périr.  Les  alentours  de  l’église  
 arménienne  et  de  l’église  catholique  qui occupent  
 le  point  le  plus  élevé  de  cette  position,  
 furent jonchés  de  morts  entassés ;  le plus  terrible  
 combat  se livra entre  les  deux églises.  Les  
 Turcs  sentaient  bien  qu’une  fois  leurs  ennemis  
 maîtres  du  terrain,  c’en  était  fait  d’e u x c a r  il  
 n’est  point de hauteur autour d’Akhaltsikhé qui  
 domine mieux la forteresse et même la citadelle.  
 Les Turcs ne  s’en  aperçurent  que  trop  tôt  :  repoussés  
 dans  la  forteresse,  les  Russes  eurent  
 bientôt  dressé  leurs  batteries près  des  églises,  
 l’un  des  premiers  coups  abattit  le  croissant  de  
 la  grande mosquée ;  bientôt après, celui du minaret  
 tomba  aussi;  les  boulets  pleuvaient  en  si  
 grande quantité,  qu’il ne  se  trouvait plus  aucun  
 endroit  dans  la  forteresse  où  l’on  pût  être  en  
 sûreté.  Le pacha se réfugia sous la  grande porte  
 de  la  cour  de  la  mosquée,  le  seul  coin  où  il  
 se  crut  a  l’abri.  On  l’en délogea.  Déjà  la  chute