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   Une  chronique  géorgienne  traduite  par  
 M.  Brosset  jeune  (i),  le  traite durement pour  
 cette  abjuration,  et  ne  fait  nullement mention  
 de celle  de Manoutchar ; au contraire,  elle parle  
 des  embûches  que  les Turcs  dressèrent  à Manoutchar  
 pour  le faire périr,  de  sa  fuite  et de  
 son mariage  avec Hélène ,  fille du  roi  Simon de  
 Karthli,  union  qui  n’aurait point  eu lieu  si Manoutchar  
 avait  été renégat,  tant  les  Géorgiens  
 haïssaient  cette  classe  de  gens. 
 Une autre  chronique  dont l’infortuné Schultz  
 avait  communiqué  l’original  arménien  à M.  St.  
 Martin ne  fait  aussi mention que de  l’abjuration  
 de  Kouarkouaré,  qui  dut  à  cette  démarche  sa  
 rentrée dans ses états ;  il mourut un an  après, et  
 Manoutchar occupa sa place d’atabeg,  sans  qu’il  
 soit  dit  que cela  lui ait coûté une abjuration 5  il  
 paraît au  contraire que  ses  successeurs  furent  
 chrétiens jusqu’a l’an  1625 que Saphar Pacha occupa  
 la place des descendants de Manoutchar (2). 
 C est à  tort donc qu’on fait de Manoutchar un  
 musulman,  ce qui est contraire aux  chroniques  
 et  à -toutes  les traditions  locales  qui spnt encore  
 l’écho de ses brillants  exploits. 
 (1 ) Chronique géorg.,  trad. par M. Brosset, p.  22. 
 (2)  Tiaduction  manuscrite  de  cette  chronique  arménienne  
 ,  que je dois à la complaisance de M. Brosset jeune-  
 voyez année  158o; 
 11  est  difficile  de  trouver  quelque  chose  de  
 plus  riche,  de  plus beau,  que  la  balustrade en  
 grès  fin  bleuâtre  qui  ferme  le  choeur  et  qui  
 supportait  l’iconostate.  Six  piliers  qui  la  soutiennent  
 sont  admirables par  le  fini  du  travail  
 des  arabesques  dont  on  les  a décorés  (1).  Les  
 champs qui restent entre  les piliers ont été remplis  
 par quatre bas-reliefs, représentant l’Annon-  
 ciation  de  la vierge  et  d’autre  sujets  de  l’évangile  
 ;  tous ces sujets ont été traités avec un goût  
 qui  m’a  étonné dans  ce  pays  si  peu plastique ;  
 les  figures  sont  bien  proportionnées  et pleines  
 d’expression ;  ce  grès fin prêtait à  la délicatesse  
 du  travail. 
 Les  autres sculptures qu’on voit çà et là dans  
 l’église  et dans  les  chapelles,  n’approchent  pas  
 tant  s’en  faut  de  celles-ci,  pas même  le  grand  
 chevalier  St.  George  qui  orne  l’entrée  de  sa  
 chapelle.  Je n’ai  vu d’approchant dans  tout  ce  
 que  j’ai visité au sud du Caucase,  qu’une pierre  
 qui  soutient pareillement  l’iconostate  de  l’église  
 de Catzkh  au  bord  de  la Kvirila,  et qui paraît  
 être  du mêmé  travail  et  peut-être  de  la même  
 main.  ; 
 Partout  les  murs  intérieurs  sont  recouverts  
 de peintures  assez bien  entendues. 
 J’avais  grande  envie de  copier  la  longue  in- 
 (1) Voyez  Atlas,  III  série areh , pl.  18, fîg.  10  et  11.