Ces combes présentent le spectacle d’ébouh -
ments nombreux occasionnés sans doute par les
sources qui coulent dans le sol. De plus, la seconde
combe est remplie à 100 pieds et plus au-
dessus du niveau de la Tskhénitskali, d’une multitude
de cailloux roulés qui ne proviennent ni
de la montagne qui n’est que du schiste, ni d’un
ruisseau, car il n’y a pas de courant d’eau.
Un château ruiné sur le premier contre-fort,
et quelques maisons semées cà et là animent la
scène ; le sol est très-fertile.
Après une marche de 8 verst nous abordâmes
le lit extraordinaire de la Djonauli, qui ronge
d’un côté le pied d’une énorme muraille calcaire,
tandis que l’autre rive schisteuse est coupée de
combes et de contre-forts, comme plus haut.
Le village deTchekoumi en recouvre une partie
avec ses champs de maïs et ses vignes.
Nous avions donc pour coupe de terrain de
Mouri jusqu’ici, d’abord le banc épais de calcaire
qui écluse le Tskhénitskali et que je crois
jurassique par-dessus le schiste et le grès que
j’ai souvent mentionnés et qui correspondent à
notre néocomien et au grès vert, et enfin avec
la Djonauli, nous abordions l’escarpement de
calcaire crayeux qui remplace la craie blanche
ou l’étage supérieur de la craie.
La Djonauli coule d’abord sur la limite de cet
escarpement crayeux, se précipitant avec rapidité
sur les blocs de calcaire et de porphyre :
tout à coup la muraille s’ouvre, la rivière se jette
dans cette fente et la voilà encaissée étroitement
et coulant entre deux parois à pic de 1,000 pieds
d’élévation, au milieu des labyrinthes de buis et
de charmes, de blocs et de masses de rocher
écroulés. Les couches les plus compactes et les
plus dures avancent en corniches, que pare une
végétation très-variée. Le lierre pend en guirlandes
dans les charmes, les hêtres et les pins
qui se glissent dans les fentes et se recourbent
vers le ciel.
Quand on se place en regard à l’entrée de cette
fente, comme on le ferait vis-à-vis d’une porte,
les couches paraissent inclinées sur un angle d’environ
4ô° î présentant leur tête au schiste et les
couches correspondant d’une paroi à l’autre (1).
Plus bas les couches s’horizontalisent passablement
et sont seulement légèrement ondulées. Ce
calcaire fracturé ne diffère en rien de celui de
Saïermi.
Nous fîmes 5 à 6 verst dans cette fente, suivant
tantôt une rive, tantôt l’autre. Au quatrième
verst un sentier tracé sur les pentes escarpées,
comme un escalier de côté, mène au monastère
de Namarnévi, perché sur le sommet du rocher.
Un saint ermite, renommé dans tout le pays, a
( i) Voyez Atlas, V e série, géologie, cartes, etc., pl 2
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