savoir ce que ces aventuriers pensaient d’un
étranger tout seul, heurtant de son marteau
contre les rochers noirs , qui sortaient du milieu
des pins (1).
Au huitième verst vaste gorge , avec un ruisseau
, après quoi nous passâmes le Kour pour
retourner sur la rive gauche. Ici une roche
semblable à celle que M. de Verneuil (2) d’après
M. Cordier a appelée ophitone ou granité ophi-
tique, sort sa face marquetée. On entre dans
une forêt de pins ; par échappées on voit en face
sur un rocher de la rive droite, près du 101 verst,
les ruines du château fort de Petritsikhé, qui
rappelle l’Helvétie ; j ’en fais juge par le dessin
que j’ai donné, II série, planche 19, c , où l’on
voit ces vieilles tours au milieu des forêts de
pins, de trembles et de chênes.
Sur la rive gauche, schiste noir par plaques
verticales de 2 pieds d’épaisseur et à fissures
rhomboïdales. La vigne commence à devenir
fréquente malgré les forêts de pins.
Au onzième verst, cimetière abandonné sur
(1) Ces Tsigans ou Bochi habitent dans quelques villages
du sandjak d’Atskour.
(2) Ce sont des rochers où le feldspath et le pyroxène
sont à grains fins, distincts, disséminés à peu près dans
la même proportion. Voyez Mémoires de la société géologique
sur la Crimée, par M. de Verneuil, p. i>4-
une petite hauteur au bord du Kour ; j ’y vis les
traces de quelques tombeaux anciens et curieux,
entre autres une pyramide avec une base carrée
assise sur trois degrés ; j’y distinguai des vestiges
de sculptures qui ont dû être d’un bon
style.
Entre le onzième et le douzième verst château
abandonné de Goghiastsikhé sur une assise de la
montagne de schiste noir. Au pied, traces du
village de Degliaschilévi ; en face sur la rive
droite, vers Pétritsikhé, petit village de Papa,
dans un rélargissement de la vallée. C’est par
là qu’on passe pour se rendre à la fameuse forteresse
de Tsikhédjouari, située à 38 verst de
Papa, dans les hautes et profondes vallées du
Toritskali, qui débouche dans le Kour près de
Papa. Sur cette route très-pittoresque, semée de
villages abandonnés, on voit une source d’eau
chaude non loin de l’église et du fort de Tad-
ghiri. C’est aussi le chemin de Tsalka dans le
Trialéthi.
Au-delà de Goghiastsikhé, deux autres châteaux
ruinés et abandonnés, ceux de Samistsikhé
et de Rvélitsikhé ressortent par leurs murailles,
leurs tours, leurs créneaux blancs ou jaunâtres,
sur les sombres postuments qui les portent, sur
le paysage désert à parois abruptes qui les encadre
: les ruines des deux villages de Doukha