à recommencer leurs courses. Sempat se conduisit
alors avec générosité envers son prisonnier,
lui rendit la liberté après quatre mois de captivité
, le combla de présents et le renvoya dans ses
états. La magnanimité de Sempat déplut à Ater-
netch, qui, en 907 , prouva son ingratitude envers
son parent et son ami, en se réunissant à
plusieurs seigneurs mécontents pour le détrôner
et le faire périr. Mais il essuya une déroute complète,
et ne put obtenir la paix qu’en donnant
son fils en otage, et en abandonnant les seigneurs
rebelles auxquels Sempat fit crever les yeux. La
suite du règne de Sempat fut bien malheureuse.
A la mort d’Aternetch, la Géorgie, souvent
ravagée par les Arabes, avait besoin d’un chef
qui sût leur résister. On substitua à son fils
David II, Bagrat, surnommé le Sot ou la Bête
(Regvéni), son parent Soumbat : mais George,
roi des Abkhases, n’approuva pas ce choix et fit
placer son fils Constantin sur le trône de Géorgie.
Constantin I , étant mort vers 942 , David I I ,
fils d’Aternetch, revendiqua ses droits. Mourant
sans enfants, il adopta , sous la régence de son
neveu Gourghen I , fils de son frère, son petit-
neveu Bagrat I I (1), qui fut la vraie souche des
rois d’Abkhasie et de Géorgie.
(x) Bagrat était, selon Rottiers , petit-fils matei’nel de
George, roi des Abkhases , p. 32.
Bagrat II eut deux femmes. De la première il
eût Gourghen, qui était déjà âgé quand son
père parvint au trône ; sa seconde femme était
Marianne, fille de Sénakérim, roi du Vaspoura-
kan, qui lui donna plusieurs enfants.
George Magister, roi d’Abkhasie, grand-père
de Bagrat II, était mort en 940 environ, après
un long règne, consacré à des guerres et à l’agrandissement
de ses états.
Léon, fils de George, que Tchamitch appelle
Ber (vieillard, cheik, moine), succéda à son
père. L’Abkhasie d’alors comprenait l’Abkhasie
de nos jours, tout le bassin de la Colchide et une
partie du bassin d’Akhaltsikhé et du Haut Cyrus,
que George s’était approprié par héritage (1).
Abas, roi Bagratide d’Arménie, qui régna de
928 a 9Ô2, avait fait bâtir à Kars une église patriarcale
, dont il était sur le point de faire la dédicace.
Ber, qui avait des droits sur ces contrées,
prétendit que c’était à lui à faire consacrer cette
église d’après le rit géorgien. Il s’ensuivit un
combat où Léon Ber fut fait prisonnier. Abas le
mena alors les mains liées dans l’église de Kars :
« Regarde bien, lui dit-il ; c’est pour la dernière
fois, » et il lui fit crever les yeux, en 943. Ce fut
a prix d’or que les Abkhases obtinrent la liberté
de leur roi (2).
(1 ) Constant. Poi’phy. de Adm. imp. cap. 46.
(2) Tchamitch.
II.