connu la Ficinaîis, la Biplicata de notre-pierre
jaune de Neuchâtel, VOctoplicata. Un grand
exogyre auquel j’ai donné le nom de Ritteru et
qui a beaucoup d’analogie avec VE.Couloni ou
l’Æ. aquila, dont il diffère surtout par une
forme plus aplatie , caractérise aussi cette craie
qui est renversée et redressée comme un mur
sur la corniche du grès.
De quelque côté qu’on se tourne, on voit toujours
l’église à laquelle ce récif sert de postu-
ment : elle me faisait singulièrement l’effet d’un
de ces hauts lieux, de ces temples antiques et
je voulus y faire un pèlerinage, malgré la difficulté
de l’escalde par un affreux sentier. Je retrouvai
toujours une de ces antiques conlructions
de l’Iméreth, que le temps et les ravages de la
guerre ont épargnée : je fus surpris cependant,
malgré son âge vénérable, en m’apercevant
que ce n’était qu’une régénération d’une plus
ancienne église, dont on reconnaissait çà et là
dans les murailles les anciens fragments. Le
pavé du temple consistait en pierres sculptées
supérieurement qui y avaient appartenu, et des
tronçons de colonnes sculptées étaient épars çà
et là, abandonnés. Autour de l’église sont des
ifs, des tombeaux murés et des ruines d’anciens
édifices avec d’énorines tilleuls de 4 à 5 pieds de
diamètre, enracinés par-dessus. Toute ceci me
ferait croire que déjà dans l’antiquité quelque
temple marquait ici, comme l’église le fait aujourd’hui
, la grande route qui menait dans le
Ratcha que les anciens connaissaient sous le
nom de Skymnia.
Le plus rude du chemin nous restait à faire
pour traverser le jugum, le col qui séparé Kreiti
de Khotévi dans le Ratcha. On estime cette distance
de l’un à l’autre endroit ‘de 20 à 25 verst.
Des forêts épaisses recouvrent toute la montagne,
ombrageant un chemin souvent par trop rapide
pour les pauvres chevaux. Le craie sert de base
au sol et reparaît au sommet du col avec le
bel Exogyra Ritterii et les térébratules. Des
forêts vierges de pins sylvestres (1) et de hêtres,
cachent le ciel et les voûtes sombres de leur épais
branchage, n’abritent que du houx, des ronces
et la giande airelle ou,myrtille du Caucase, qui
recouvrent le sol.
La descente vaut mieux que la montée ; nous
entrâmes dans la gorge crayeuse de la Kotaura
qui se jette dans le Phase, et passant à côté du
petit lac sans issue de Tlouki , nous , arrivâmes
bientôt à Khotévi.,
(1) M. Gamba qui en a fait mesurer quelques-uns leur
a .trouvé 80 pieds de futaie et \5 à 18 pieds de tour. Voyez
son Voyage, 1 . 1 , p. 281.