Ment à ceux des enfants qui crient ; on les entend
régulièrement après le coucher du soleil,
faisant un concert bruyant que l’étranger a bien
de la peine pour la première fois, à prendre pour
celui de ces animaux. Ces chakals ont encore ceci
e particulier : il suffit que l’un d’eux se mette à
crier, pour que tous les autres lui répondent en
choeur, dans quelque heu qu’ils soient ; de façon
qu’en me promenant dans‘ les rochers, j ’ai été
quelquefois tout surpris de les entendre crier à
mes côtés. Ils sont si hardis que quand les soldats
sont campés, ils viennent pendant la nuit leur
ronger leurs bottes aux pieds. Ils déterrent alissi
les cadavres quand ils ne sont pas profondément
enterrés, et aiment de préférence tout ce qui est
charogne ou pourriture. Je regarde comme un
grand bienfait de la Providence de les avoir placés
dans ces pays où la corruption s’engendre
si rapidement, et influe si fort sur les vivants :
ils purgent la terre de cadavres, comme les cochons
de la ville de Koutaïs sont destinés à la
purger d’ordures.
Mais revenons a Vartsikhé : ce nom signifie
Château des Roses, que les Grecs traduisaient
par Rhodopolis. Cette magnifique position avait
déjà dans l’antiquité attiré l’attention des Colches.
Procope (1) cite Rhodopolis comme l’une des
( i ) Procope, de Bello Gothico, p. 527, éd. Bonn.
principales villes des Lazes, qui la rasèrent en
549. Car, située dans la plaine, facile à aborder,
et facile à prendre, C’était le premier endroit
qui s’offrait à cétte immense armée de Perses
qui venaient de l’Ibérie (Géorgie), sous Mermé-
roè’s, général de Khosroës, combattre les Lazes
et les Grecs réunis sous Daghisthée, général de
Justinien. Les Lazes préférèrent la détruire en
même temps que Cytâia ou Koutatissium et
Mukhirêsis, pour ne laisser, à cette armée aucun
endroit fortifié qui pût lui servir de refuge.
Les Lazes rétablirent ensuite Rhodopolis, qu’ils
reprirent sur les Perseâ.'
Plusieurs des derniers rois d’Iméreth ont fait
de Vartsikhé leur principale résidence« Il ne
reste plus de ce lieu de plaisance, que la forte
muraille de sept à huit pieds d’épaisseur, dont
une partie, peut-être, date des Lazes, car c’est
leur style d'architecture (1) ; elle était munie de
bastions ou terrasses carrées, placées en saillie,
et circonscrivait tout le sommet, de la colline,
formant ainsi une vaste cour, où les habitations
en bois des rois, étaient rangées le long du mur
vers la Kvirila. Cinq ou six cheminées en briques
qui sont restées debout comme des obéüsques,
(1) Le général Totlében, en 1769, f it , dit-on, faire les
larges brèches qu’on voit dans cette muraille, afin d’empêcher
les Turcs d’y prendre position.