cadeau pour mes courses d’un beau cheval de
son liarras que je n’acceptai que pour Nicolas ;
puis il partit pour aller chasser dans l’intérieur
de l’Odichi.
La réception de Mouri l’affecta encore plus,
quand il apprit par son fils David, l’héritier, qui
sert sous les ordres du baron Rosen à Tiflis, qui
j’étais et la bienveillance que me témoignait le
baron avec toute sa famille. Il me fit renouveler
par son fils ses regrets, et exprimer à plusieurs
reprises le désir qu’il aurait de me voir dans ses
états, m’invitant à aller le voir, pour qu’il put
effacer la mauvaise impression que je pouvais
avoir reçue de mon séjour, et m’offrant toutes
les facilités possibles de faire mes excursions.
J’ai bien regretté de ne pouvoir profiter de ses
offres.
Après tant de marques d’estime et de bienveillance
il est cruel pour le voyageur qui fait le
tableau d’un pays, d’être forcé, en disant la vérité,
de jeter quelques ombres sur des personnes
estimables, et d’être soupçonné d’ingratitude,
ou s’il se tait, de passer pour un homme dont on
a acheté le silence. Je vais faire un tableau succinct
de la Mingrélie, dire ce que j’en sais en
conscience et dans un but d’utilité générale et
rester en dehors de toutes petites passions privées
: il ne m’est pas arrivé ce qui advint à
officier au service de Russie. Il s’était proposé
- r 457 —•
de faire des recherches scientifiques sur l’Imé-
reth et la Mingrélie (1). Etant dans les états de
Dadian, il demandait le nom de tous les villages,
leur population, et toutes les petites circonstances
d’administration, en prenait note; il
exprima plusieurs fois inconsidérément, qu’il
désapprouvait la manière dont le prince gouvernait
ses sujets. Le prince le sut et en eut,
comme de juste, un grand déplaisir, et pour le
malheur de M¥% il fallut que la révolution de Pologne
éclatât alors. Des malveillants profitèrent
de la circonstance pour accuser M** d’être un
espion que voulait soulever les peuples du Caucase
en faveur des Polonais. Ce qu’il y a d’extra-
' ordinaire, c’est qu’on ait pu croire un instant à
des inculpations aussi absurdes ; le pauvre M**
fut examiné, gardé à vue à Tiflis ; on vit bientôt
l’injustice de ces soupçons. Cela peut néanmoins
singulièrement dégoûter quelqu’un qui a envie
de faire des recherches scientifiques.
(1) Plusieurs journaux scientifiques et les rapports de
l’Académie de St.-Pétersbourg ont donné des fragments
fort intéressants de ses recherches.
FIN DU TOME DEUXIEME.