fois sur lui-même ; mais l’impossibilité île rester
à cheval devint bientôt manifeste; le plus intrépide
fut obligé d’aller à pied, et c’est beaucoup
dire chez ces peuples cavaliers ; notre prince
éristaf gémissait de faire usage de ses jambes.
Nous nous traînâmes l’espape de plusieurs
verst sur du porphyre pyroxénique, remarquable
par la quantité de longs cristaux blancs de
labrador, qui sont pétris dans le porphyre ; des
fentes et déchirures le lacèrent dans tous les
sens.
Cette pente n’est pas si riche en sources et en
ruisseaux ; il n’y en a que peu de traces.
Nous traversâmes le profond ravin que nous
avions vu du haut du précipice, et nous en suivîmes
la pente qui regarde l’occident, fraîche et
couverte en partie de sapins (1) sous lesquels
croissaient en quantité des framboisiers dont j ’ai
trouvé les fruits mûrs, le 23 août. Des sorbiers,
des groseilliers à fruits noirs en longues grappes,
le bois-gentil, l’aconit-napel, un énorme hera-
cleum, l’épilobe à feuilles étroites, etc., tapissaient
les pentes du ravin. Un peu plus loin ,
nous trouvâmes au milieu d’une ruine de maison
abandonnée, de beaux buissons du groseillier
des Alpes (2) en pleine maturité, avec des fraises.
Pin us sylvestris.
(2) Ribes alpinum.
A peu près dans cette zone de végétation, c’est-
à-dire, à i ,5oo pieds au-dessous du sommet de
la montagne recommence le grès vert par cou-
che| nombreuses, minces, fendillées à l’infini,
de façon que quand le plat de la couche est à nu,
il a l’air d’une mosaïque à cubes réguliers.
Le chemin ne cesse pas d’être très-escarpé,
tant que les pins sylvestres durent ; petit à petit,
la végétation change, et quand nous eûmes
fait le trajet le plus difficile, le plus pénible, nous
nous établîmes sous les pins épicéa pour déjeuner
et pour faire paître nos chevaux. Ici commençait
la région des chênes, des châtaigniers , des
poiriers qui abritaient une foule de rosiers.
Cette région ne dura pas longtemps, car nous
la débordâmes bientôt pour entrer dans un pays
nu qui forme la base de la montagne jusqu’à
Akhaltsikhé. Nous étions entrés dans le bassin
tertiaire d’Akhaltsikhé, et nous marchions sur le
dos d’une argile feuilletée et sur ses collines arrondies,
ondulées de mille manières, et semées
de quelques poiriers à longues feuilles de saules
cotonneuses (1). Nous laissâmes à gauche le village
tatare de Dziri, et à 3 verst à droite , Abas-
toumen, renommé par ses bains d’eau sulfureuse
et son vieux monastère, bâti sur une montagne.
(1) Pyrus orientalis, Pallas, t. II, p. 5oa. Voyage en
Crimée.