gros cailloux arrondis sans ciment, le séparent
ordinairement des bancs de brèches volcaniques.
Quand nous eûmes fait 7 à 8 verst dans ce
chaos pierreux, en côtoyant le Kour, nous débouchâmes
derechef dans une vallée circulaire :
les hautes parois qui bordent le Kour, s’écartent
ici et forment un vaste amphithéâtre ou plutôt un
cirque au milieu duquel passe la rivière pressée
dans un lit étroit creuse de 5o à 60 pieds au-
dessous du fond du cirque. Les escarpements
qui le circonscrivent, ne sont plus si déchirés;
ils s adoucissent, s arrondissent. A leur pied
dans le cirque s’élèvent une multitude de cônes
et de monticules moins élevés, qui ne consistent
qu en cendres et en scories, rouges, blanches,
bleues, etc.
Ces monticules sont semés çà et là sans régularité;
quelques-uns s’élèvent de 2 à 5oo pieds
au-dessus du niveau du Kour et ils forment plusieurs
rangs jusqu’au pied de l’enceinte générale.
Quelques-uns sont hérissés de prismes basaltiques
de dolérite qui a coulé parmi les cendres (1).
Des blocs erratiques arrondis de trachyte
semblable a celui du t*uy de Dôme, sont semés
( 1 ) Voyez une vue de ce cirque, dans mon Allas, V série,
pl. 4 des coupes , vues et plans géologiques : elle a été prise
du haut de l’écluse qui fei’me le cirque du côté de Kherthpartout,
la ou le volcan les a lancés ; une grande
partie eu a été employée à faire des enclos de
jai dins et de vignes terrassees qui couvraient
jadis toutes les pentes accessibles du cirque.
Côtoyant toujours le Kour, nous traversâmes
presque diamétralement le cirque, en allant du
Sud au Nord. Au bout de 4 verst nous dépassâmes
les ruines d’un vieux château turc, et
tout a coup a mon extrême surprise, je me trouvai
au bord d’un petit lac de 5 à 600 pas de longueur
sur 4oo pas de large, sans issue, d’une
profondeur extrême et enfoncé dans un bassin
de blocs de trachyte (1) roulés, entassés confusément
les uns sur les autres et formant une
digue régulière haute de 10 à i 5 pieds. Je ne
pus voir dans ce petit bassin à l’onde noire, immobile,
que le reste du dernier cratère d’éruption
qui s’est rempli d’eau comme tant d’autres cratères
éteints. Ce qui me frappa le plus, c’est
que les eaux dormantes qui le remplissent soient
(1) Ces blocs de trachyte sont extrêmement poreux, et
perces de trous à l’infini ; ils sont de toutes couleurs ;
quelques-uns consistent en porphyre rouge tacheté de noir,
qui provient sans doute de schiste ou de grès vert recuits ;
d autres appartiennent à dès dolérites vitreuses ou résinites.
Le plus communément, ils ont 2 à 3 pieds de diamètre ; il
en est peu de beaucoup plus grands : les blocs qui sont
semes aux alentours d’Akhachénié sont de la même taille
que ceux-ci.