l’un dès côtés : lés trois autres sont presqu’aussi:
escarpées; nous n’arrivons au fond qu’en nous
laissant couler le long- des branches de houx
qui les tapissent (1) Une fois au fond de l’abîme,
nous avons devant nous dans la paroi-du rocher,
un immense portail , large de 70 pieds,
occassionné par la chuteet l’engouffrement d’une
partie du rocher-^ tandis que la partie supérieure
est demeurée suspendue comme une voûte (2)..
Le bloc qui s’est- enfoncé avait au moins 70 pieds
de long et 5o dë large ; il s’est formé un vide
dont les parois sont restées à pic ; mais les débris
de rocher Venant de l’extérieur se sont en-*,
tassés petit à petit dans ce. gouffre,_ et ont créé
un talus mobile par lequel on .descend jusqu’à
une profondeur de 4° pieds (3).,
A l’entrée, je trouvai le M septembre, les frai- -
ses fleurissant et mûrissant à la fois ; mais à mesure
que je descendais, l’air devenait toujours
plus froid, et quand j ’eus atteint le fond de la,
(1) Le Gefatterloch près de Schwarzkirchnerberg en*
Moravie, peut donner une idée d’un enfoncement d’un
abîme de ce genre ; mais celui-ci est plus profond, et aucun
côté n’est accessible.
(2) Sur la Jaïla de Oulouzène à Kazan té en Crimée, il
existe dans les couches de calcaire jurassique une grotte et
une glacière à peu près dans le genre de celle-ci, mais sur
une plus petite échelle.
(3) Voyez Atlas, IIe série, pl. 19, c.
grotte, je la trouvai pavée d’un lit de glace d’urie
épaisseur inconnue. Des gouttes qui tombaient
de la voûte creusaient de petites écuelles liquides
sur la surface. Dans un coin de la glace, il y
avait un trou profond dont j’ignore la direction.
Quelle est la cause de cette glacière naturelle
dans cet entonnoir? Se remplit-elle en hiver de
neige et de glace qui mettent tout l’été à fondre ?
Je serais volontiers de cette opinion qui me
paraît la plus probable, la plus d’accord avec
les localités (1). C’est ici que les habitants de
Koutaïs viennent faire en été leurs provisions
de glace, qu’on emballe bien soigneusement sur
des chevaux et qu’on transporte ainsi pendant la
nuit jusque-là.
Nous avions encore à voir la perte du Chauri (2).
En poursuivant à gauche la vallée, nous découvrîmes
bientôt les nombreux entonnoirs où
il s’engouffre. Le principal est àJ j verst au-
delà du monastère. Je vis le Chauri passer assez
bruyamment sur un banc de ce calcaire blanc
et jaunâtre de la glacière, tomber en cascade sur
les angles de quelques couches ; puis faire un
mouvement rétrograde et trouvant de larges
fentes entre ces mêmes couches au bas du saut,
(1) Nous avons dans notre Jura neuchâlelois une glacière
naturelle à peu près semblable à celle-ci.
(2) Güldenst'âdt écrit Cherga.