sur le confluent duLadsanouri et du Phase qu’on
voyait couler vers l’Iméreth, encaissé dans ses
parois de calcaire crayeux, dont les couches
jaunâtres quelquefois saillantes forment des rubans
dans la verdure.
Le vallon ou plutôt la combe de Saïermi n’est
aussi qu’une déchirure dans la craie, mais avec
cette différence que le fond de la fente a été
rempli de dômes et de débris de roches por—
phyriques ou métamorphosées. Un ruisseau qui
y serpente pittoresquement, passe au pied d’un
rocher isolé, le seul qui soit bien sorti de terre j
j ’en trouvai la composition des plus singulières.
Des fragments de calcaire crayeux, brisés par une
révolution quelconque, avaient été unis par un
ciment calcaire cristallisé ou spathique, et formaient
une brescie sans pétrification : les fragments
étaient teints d’un jaune quelquefois tirant
sur le rouge. La brescie elle-même était traversée
dans toutes les directions par des filons de
cristaux de spath calcaire, formant quelquefois
des géodes.
Je m’amusai le lendemain à mon réveil à entendre
les cris des surveillants qui Appelaient les
paysans à la corvée. Comme le village est réparti
entre une douzaine de princes et de seigneurs,
et que les paysans serfs d’ici ne sont pas plus
empressés que partout ailleurs à se rendre à leur
ouvrage, on peut s’imaginer quelle musique :
cela dura depuis l’aube jusque bien avant dans
la journée. Du reste, celui qui n’a pas une forte
voix de montagnard pour se faire entendre d’un
bout du village à l’autre, ne peut-être économe
dans ce pays.
La carte de Khatof étant entièrement fausse
sur le cours du Ladsanouri et sur la position
de Laïlache, je vais circonstancier mon journal
autant qu’il sera nécessaire pour être à même de
rectifier ces erreurs.
Le Ladsanouri, en se jetant dans le Phase,
passe par une étroite écluse ; il nous fallut, le
21 septembre, en quittant Saïermi, grimper sur
le sommet du rocher, d’où nous eûmes une vue
superbe sur le confluent des deux rivières. En
face de nous et de la gorge du Ladsanouri, s’étendait
sur la rive gauche du Phase le grand village
de Dsogichi; sur la droite , paraissait à 5 verst
plus bas Albana.
Le plateau que nous traversions n’était couvert
que de halliers. Dans une petite vallée latérale
du Ladsanouri, nous trouvâmes à 5 verst de
Saïermi, au milieu des vignes montées sur des
arbres, le village de Sourmouchi, faisant pendant
avec celui d’Oussakélo, situé sur la rive droite du
Ladsanouri.
Dans cette vallée, sous le calcaire crayeux, le
schiste noir reposait immédiatement sur un dôme