lui, et lui tuent grand nombre de ses soldats ,•
entre autres le chef des Sabirs. On combattit avec
fureur autour de son cadavre, jusqu’au crépuscule
du soir; les Perses prirent alors la fuite et
regagnèrent Koutaïs et Moukhérisis. On donnait
non-seulement le nom de Moukhérisis ou Mou-
khirise à cette plaine qui s’étend entre le Rhéoné
et l’Hippus ou Tskhénitskali, mais les Lazes
avaient aussi un château fort de ce nom sur
la rive droite du Rhéoné , à moitié chemin entre
Koutaïs et Vartsikhé. Les Perses l’avaient rétabli
en même temps que celui de Koutaïs. Aujourd’hui
les ruines de Moukhérisis sont encore
considérables, et les Iméré tiens les désignent
sous les noms de Tsikhédarbasi et de Tamarat-
sikhé (î).
En 553, Merméroës voulut encore reprendre
l’offensive. Les Romains occupaient sur la gauche
du Phase, vers les confins du Gouriel, un
château fort nommé Téléphis, qui commandait
l’entrée de la Lazique de ce côté-là. Il était éntre
des rochers et des précipices, et les alentours
étaient couverts de marais et d’épaisses forêts.
Martin, général associé à Bessas, s’y était renfermé
avec une partie de ses troupes, qui travaillaient
avec ardeur à boucher toutes les ave-
( i ) Voyez une vue de ces ruines, Atlas, II série, pl. i 4,
et III série, pl. 3,
nues par des abatis d’arbres et de grosses pierres.*
Merméroës voyant bien qu’il n’y avait rien à
faire par la force ouverte, fait semblant d’être dangereusement
malade. Aussitôt les Romains cessent
leurs préparatifs de défense, et ne songent
plus qu’à se divertir. Tout-à-coup Merméroës
qu’on dit même mort, se montre, et son apparition
imprévue cause tant de surprise aux Romains,
qu’ils abandonnent leur château, et courent
à leur camp qui était à un mille de là, dans
des fourrés et des rochers , d’où l’on ne voyait
rien. Cinq cents cavaliers Tsanes que Martin avait
laissés comme arrière-garde , avertissent les soldats
, débandés pour aller piller les cabanes des
Lazes, dé l’approche des ennemis : l’attaque est
si prompte, qu’officiers et soldats, tous prennent
la fuite, et ne s’arrêtent qu’à 7 lieues de là (1),
dans une île formée par un canal que les Romains
avaient creusé et qui réunissait les eaux du Phase
et du Docone, la Pitchora d’aujourd’hui au-dessus
du confluent ou de l’embouchure de ces deux
rivières. Ce canal existe toujours, sous le nom
de Nadorta, comme on le verra par la suite de
mon voyage ; il est un peu au-dessoüs du village
actuel de Tchaladidi, à 16 verSt du Poti actuel ,
s’ouvrant sur le Phase, en face de ce que l’on appelle
le vieux Poti qui était sur la rive droite du
(1) i 5ostadës ou environ 22 verst. Àgathias, 1. II, p. 5g.
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