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 une fille qui était  tombée malade  et qui était  
 devenue  folle.  Les  parents  le  poursuivaient  à  
 toute outrance,  et il était obligé de recourir à la  
 justice  du  général,  qui  fit  venir le père,  vieillard  
 à barbe blanche.  Il  eut  toutes les peines du  
 monde à lui faire comprendre  combien il  serait  
 injuste de vouloir contraindre quelqu’un à épouser  
 une folle, et le vieillard se fit bien prier avant  
 de vouloir  se désister de sa poursuite. 
 Ghébi a des  champs  considérables qui ne  recouvrent  
 que 4e bas des pentes ;  tout le reste  est  
 boisé. Dernier village en remontant le Phase, dont  
 la source n’est pas  loin de  là au  N.  O.,  au pied  
 du Passmta ,  sa  position en  fait un  lieu de  passage. 
  Le  chemin qui suit quelques instants  la rivière  
 ,  se partage au  fond de  la vallée  en deux 5  
 à  gauche on se rend chez  les Souanes en passant  
 par  le  col  qui  sépare  le  Choda  du Passmta.  A  
 droite  un  chemin  plus  difficile mène  à  travers  
 les plus  hautes  sommités  de  la  chaîne  du Caucase, 
   chez  les  Dougores,  dans  l’Ironistan  ou  
 pays  des Ossètes,  Cette  traversée  peut s’entre-  
 prendre  par  deux  autres  points,  ou  tout droit  
 de Ghébi au nord,  ou par Glola. 
 Il est de fait que  les  habitants de  la vallée ne  
 comptent  que  trois journées  de Ghébi  à Vladi-  
 kavkas,  et qu’ils  me  proposèrent de m’y transporter  
 sain  et sauf  au  bout  de  ce  terme.  Je ne 
 pouvais  accepter, puisque j’etais obligé de  revenir  
 sur  mes  pas  pour  visiter  la Mingrélie.  Le  
 gouvernement  russe  connaît  très-bien  la  possibilité  
 d’établir  une  communication  entre  Kou-  
 taïs  et le  nord  du  Caucase,  par  le  Ratcha :  on  
 sait  que  déjà  en  177/  ,  le  général  Totlében  y   
 passa  avec  le  corps  de  troupe  russe  que Catherine  
 II envoyait au  secoure du roi Salomon.  Elle  
 serait fort avantageuse pour  le  commerce;  mais  
 les difficultés  ,  les  obstacles sont sans  nombre  :  
 le  principal  viendrait  de  la  nature  même  des  
 vallées  septentrionales  par  lesquelles  on  serait  
 obligé de  passer :  elles  sont  toutes  schisteuses  ,  
 ébouleuses, resserrées ; beaucoup moins praticables  
 que  le  défilé  d’Outséré  à  Ghébi.  Il  serait  
 presque impossible d’y  établir, sans  des sommes  
 énormes, une grande route  commerciale comme  
 celle de la vallée  de  Térek. Je  tiens tout  ceci de  
 l’officier  qui  fut  chargé  dans  ce  but  de  faire  
 1 exploration de  ce pays,  et qui  n’en  est pas  revenu  
 sans  avoir  été  exposé  à  de  notables  dan-  
 gers ;  j e suis bien fâche  d’ignorer son nom  ( 1 ). 
 (i)Klaproth,  dans  son  Voyage  au Caucase,  a  publié  
 comme  sien  le journal  d’un  officier  russe  qui fit aussi ce  
 trajet et dans un but pareil, en 1781.  Je sais des personnes  
 même  chez  les quelles  M. Kiaproth  a  logé lors de son séjour  
 à Mosdok, que jamais  ce  célèbre voyageur n’a fait  le  
 trajet dont  il se  vante,  en passant  de chez  les  Dougores  à  
 Ghébi et à On i,  et en revenant par le même chemin.  Cet of- 
 4   a?