avait de mieux à faire. On se contenta d’envoyer
600 cavaliers à la rencontre des Perses, pendant
qu’on poursuivrait le siège avec ardeur. Les
Perses surpris par les 600 cavaliers prennent la
fuite, et la nouvelle en étant parvene au camp,
on ne songe plus qu’à forcer la place. Mais les
Perses s’apercevant du petit nombre de ceux qui
les poursuivent, tournent bride et fondent sur
eux avec de grands cris. Les Romains trop faibles
fuient à leur tour, et amis et ennemis, tous
se précipitent dans le camp des Romains, qui
croient avoir toute l’armée perse sur les bras j
ils ne voient ni leur nombre ni celui de l’ennemi,
ils abandonnent leurs tentes et leurs machines j;
la garnison sort en même temps et se joint aux
Perses. La cavalerie romaine fut bientôt en sûreté
; mais l’infanterie fut extrêmement maltraitée,
surtout au passage d’un pont trop étroit sur
la Tskhénitskali, où les fuyards pressés tombaient
dans le fleuve ou étaient tués par l’ennemi.
Buzès revenant sur ses pas avec la cavalerie,
s’empara de la tête du pont et sauva l’armée. Les
Romains avaient laissé leurs provisions et leurs
bagages dans leur camp près d’Arkhéopolis ;
frappés d’épouvante, au lieu de s’y retirer, ils
se sauvèrent dans les forêts et les montagnes, et
les Perses s’emparèrent de ce camp, dont ils détruisirent
les retranchements. Les Romains au
nombre de 5o,ooo avaient été battus et dispersés
par 3,ooo Perses. La honte des généraux fut aü
comble, et les Lazes y virent la preuve de la vengeance
divine.
Réunis dans une de leurs vallées du Caucase,
les principaux de la nation tinrent conseil. La
faction romaine eut le dessus, tant les Lazes
étaient attachés au christianisme, et quelques
uns des principaux de la nation furent chargés
d’aller instruire l’empereur de l’innocence de
Goubazès et de la perfidie de Martin et de Rustique.
Ils devaient demander vengeance de cet
attentat, et supplier l’empereur de leur donner
pour roi Tsathès, frère puîné de Goubazès.
L’ambassade eut le succès que la nation désirait.
Tsathès qui vivait à Constantinople, reçut
de l’empereur l’investiture du royaume de La-
zique, et Athanase, l’un des principaux sénateurs
, d’une intégrité reconnue, fut chargé d’aller
s’informer du crime, pour le punir selon la
rigueur des lois.
L’entrée de Tsathès en Lazique, en 554, fut un
triomphe ; il était revêtu des habits royaux qu’il
avait reçus des mains de l’empereur selon l’usage.
Tout le peuple l’accompagna jusqu’à sa résidence.
Athanase le suivait. A peine arrivé, Athanase
donna l’ordre d’arrêter Rustique, qui fut
gardé dans le château d’Apsaronte (1). Jean le
(1) Ou Absyrte ; cette ville était située à peu de distance
au sud-ouest de l’embouchure du Tchorok.