la dolomie. Les pétrifications y sont rares et
souvent méconnaissables, changées en spath calcaire,
tandis que la roche est d’un blanc grisâtre,
quelquefois brillant. On y distingue surtout de
petites nérinées et des dicérates, qui sont tellement
semblables à celles que M. Élie de Beau-
mont avait observées dans l’étage inférieur de
la craie sur le Mont-Ventoux, à la grande Chartreuse,
en France, que ce savant géologue avoua
que les pièces des deux localités une fois confondues,
il serait impossible d’avoir un moyen
de les reconnaître.
Je n’hésite donc pas à regarder ce calcaire à
dicérates de Koutaïs comme analogue à celui
de France, d’autant plus que sur le revers méridional
de cette arête, sur les couches inclinées
de ce calcaire à dicérates, s’étendent plusieurs
lits de craie marneuse, très-riches en pétrifications
qui appartiennent toutes évidemment par leurs
caractères et par leurs genres à l’étage inférieur
du grès vert et au néocomien (1). Cette
(1) Les fossiles que j ’ai rapportés de là, sont : Nautilus
simplex ; Amonites rhotomagensis , planulatus, monile et
subdentatus ; Tui’rilites depressus ; Hamites philipsii,
plicatilis ; Baculites obliqua tus ; Terebratula biplicata ,
vicinalis, octoplicata, plicatilis ; Gryphoea vesicularis ;
Exogyra, voisin de l’Aquila ou Couloni; des Pholadomya,
Cucullæa, Arca, Rostellaria, Trochilites, Nerinea, Spi-
rula, etc.
craie marneuse encaisse quelques instants la
Tskaltsitèli et le Rion, avant que ces rivières
aillent plus loin serpenter dans la plaine de la
Colchide.
Jusqu’à l’année dernière, on savait bien que
le calcaire à dicérates appartenait en général à
l’étage inférieur de la craie. Depuis mes dernières
recherches sur le néocomien de Neuchatel,
je suis à même de fixer sa place définitivement
(1). Dans notre pays oi'i le néocomien est
si développé et si bien caractérisé, j’ai trouvé
que cette couche à dicérates était l’une des dernières
de cet étage, voisine du grès vert.
Quand on a dépassé la crête calcaire, on
entre dans un vrai cratère de soulèvement,
dans lequel le Rion et la Tskaltsitèli se promènent
, avant de trouver dans les ruines du calcaire
une issue pour entrer dans la plaine de la
Colchide..
Je me dirigeai vers les rives de la Tskaltsitèli,
chevauchant sur les jets de porphyre qui montrent
leur tête à travers le grès quartzeux. A chaque
pas ce porphyre paraît et disparaît, changeant
de nature sur de très petites distances ;
tantôt compacte, tantôt terreux, tantôt amyg-
(1) La chose était encore incertaine quand j ’ai adressé
à M. Elie de Beaumont la lettre qui a été publiée dans le
bulletin delà Société de géologie, 1837.