bris de schiste et de grès bouleversés. Comme
j’ai eu lieu de l’observer souvent et comme
M.Studer l’a remarqué dans les Alpes, ces roches
d’éruption sont toutes conditionnées suivant la
nature des roches neptuniennes ou autres
qu’elles ont traversées, qu’elles ont empâtées,
ou dont elles sont composées par régénération,
et comme le grès et le schiste prédominent ici,
tous ces porphyres en ont emprunté leur-principal
élément.
La vallée n’a que la largeur du lit de la rivière
et du chemin qui même a été souvent gagné sur
la rivière ou sur le rocher. Il suit d’abord la rive
droite, puis passe sur la gauche. L’ancienne
grande route passait naguère par Vakhan; ce
n’est que depuis peu que les ingénieurs russes
ont établi celle-ci qui a le grand inconvénient
d’être sujette aux éboulements qui se déterminent
très-facilement sur ces pentes escarpées,
resserrées, composées de roches peu homogènes.
C’est ainsi que quand j’y passai, nous
eûmes toutes les peines du monde à nous frayer
un passage entre les arbres déracinés, les terres
et les blocs détachés et entassés qui étaient tombés
sur le chemin depuis quelques jours. La
rivière cause aussi beaucoup de dégâts. Les soins
continuels et les réparations que demandait ce
nouveau chemin étaient très-fâcheux pour les
habitants du voisinage, qu’on y envoyait souvent
en corvée, et qui s’en plaignaient : on aura,
je pense, trouvé un moyen de répartir ces travaux
d’une manière plus équitable. .
Pas un seul rélargissement de la vallée ; partout
des forêts mêlées ; là vigne sauvage reparaît
ici en quantité ; car elle ne passe pas le jugum
de la montagne; elle se mêle aux figuiers, aux
plaqueminiers et à toute la belle végétation
d’Iméreth. Le ruisseau est très-rapide.
Enfin à 12 verst de Moliti, le chemin perd de
sa monotonie sauvage; nous vîmes s’élancer devant
nous sur la rive droite de la rivière un jet
de porphy re noir très-élevé, couronné des ruines
du château de Tchikéritsikhé. C’est ici que commencent
les maisons et les enclos qui semés
isolément sur des assises de la montagne, dans
les ¿endroits les plus pittoresques, entourent la
forteresse, en formant le village soi-disant de
Tchartali.
Plus loin en côtoyant la rivière, le pays nous
parut se peupler de plus en plus, en s’élargissant
petit à petit. Nous arrivâmes vers le soir à la
station de Ghariskhévi; nous ne voulûmes pas y
passer la nuit tant la complaisance des Cosaques
des stations nous était connue ; nous préférâmes
aller demander l’hospitalité au village qui,
comme celui de Tchartali, s’étend au long et au
large sur les pentes et clans les combes de. la