mine sa première station d’Alskour à Stragénei
Okpp, en passant par-dessus le sommet élevé
d’un promontoire et en coupant ainsi un des
contours nombreux dp Kour.
Nous traversâmes le Kour sur un long pont
de f>ojs, en face de la station où nous passâmes
la nuit. Les Cosaques nous y vendirent pour
notre souper de petites truites qu’ils pèchent
dans tous les ruisseaux qui se jettent dans le
Kour. La station se composait d’un poste de
Cosaques qui ne se distinguaient pas par leur
complaisance. Grâce à leur insouciance, le
cheval de Nicolas disparut pendant la nuit. Pas
un d’eux ne voulut se donner la peine de nous
aider à le chercher. Nous ne savions où retrouver
sa piste. Nicolas réfléchissant un peu, soupçonna
que son cher petit bidet pouvait bien
avoir été pris de quelque douce inclination en
passant par Atskour et courut de ce côtérlà, me
laissant pour garder nos effets. Il trotta assez
loin et [rattrapa enfin à moitié chemin du susdit
endroit le pauvre déserteur amoureux ; un passant
§’en était emparé, et se disposait à le mener
à Atskour pour le vendre.
Cç contre-temps nous arriva fort à propos
pour me donner le loisir de mettre ordre à mon
journal, et de compléter mes annotations, dont la
masse s’était accumulée dans ma tête; que je fus
heureux de n’avoir plus le souci de les oublier.
En continuant notre roule, au premier verst
nous laissâmes à droite une gorge, où commencent
des terrasses, qui appartenaient à un village
ruiné et qui s’étendent jusqu’au cinquième
verst, où l’on voit les ruines d’un pont en pierres
sur le Kour. Les noyers sont partout sauvages
et témoignent d’une ancienne culture.
Ruine d’un deuxième pont en pierres au
septième verst.
Entre le septième et le huitième verst s’élève
un immense rocher de 7 a 800 pieds de hauteur ;
on a taillé le chemin dans sa base ; il est composé
de colonnes prismatiques, perpendiculaires
par place et faisant face à la rivière.
Précisément au pied de ce rocher qui servait
jadis de frontière entre la Turquie et la Russie,
je rencontrai une caravane de Tsigans ou Bohémiens;
je ne vis jamais rien déplus burlesque
que cette procession montée sur des chevaux,
sur des ânes , des mulets ; des femmes portant
sur le dos ou devant eux leurs enfans ; toute
espèce de bagage pendu deçà et de la ; de vieilles
enchanteresses, laides à faire peur, jambe deçà,
jambe de là, dormaient profondément en se balançant
sur leurs pacifiques montures, sans que
le soleil qui étincelait sur leurs figures pût les réveiller.
Tous avaient la vraie figure tsigan, cheveux
noirs plats, face comprimée, teint basané,
yeux noirs, brillants, etc. J’aurais bien voulu