la Bzoudja, nous nous élevâmes sur ses pentes
boisées, passant par-dessus les masses de mêla-
phyre qui étranglent la vallée, et qui ne lui laissent
que la largeur occupée par la rivière. Un
grès et du schiste se montrent' parci-parlà ; des
blocs et des masses de pierre calcaire blanche
crayeuse, presque sans pétrifications, couronnent
les escarpements très-déchirés. Nous fîmes
10 verst toujours montant par un assez bon
chemin, qui est la grande route de Koutaïs au
Ratclia, laissant au quatrième verst le village de
Tskhatèli sur un plateau élevé. Les forêts sont
du chêne, du châtaignier, du charme, etc.
Kreiti est sur la langue de terre qui sépare
le ruisseau de Kosenna à droite, de la Bzoudja
à gauche, jusqu’à leur confluent. C’est un grand
amphithéâtre d’enclos, de vergers, de vignes et
de maisons , qui se présentent sous mille aspects
diversifiés. L’église bâtie sur le plateau le plus
élevé, couronne cette belle pyramide. Deux
énormes tilleuls en décorent la plate-forme,
séparés par un grand banc massif pour la commodité
des arrivants. Un grand if de 3 à 4 pieds
d’épaisseur ombrage l’entrée de l’église, et la
sépare de la maison du pope qui nous donna
l’hospitalité ; car dans ces vastes villages, vrais
labyrinthes, ce n’est pas toujours facile pour un
étranger d’en trouver le kélossan : celui de
Kreiti d’ailleurs était absent et nous aurions attendu
longtemps avant d’obtenir un abri, si ce
-brave pope n’était venu nous inviter cordialement
ù partager avec lui sa modeste habitation en bois.
Qu’il faisait beau le soir sous ces vénérables
tilleuls d’où je planais, en récapitulant ma journée
, sur la vallée éclairée par les reflets magiques
de la lune ! J’étais aussi seul là et n’avais
point d’ami pour partager avec lui des heures de
jouissances.
Le lendemain, samedi /. septembre, je parcourus
la contrée. Toutesles pentes delà Bzoudja,
jusque bien haut (5oo pieds au-dessus dé son
niveau), ne consistent, comme plus bas dans la
vallée, qu’en grès et en argile par couches bigarrées
de toutes couleurs, bleues, vertes, jaunes,
rouges, grises, bruñes ; les couches sont presque
horizontales et assez régulières, vers le sommet
des escarpements ; mais au bord de la Bzoudja
même, elles ont été horriblement tourmentées,
»éboulées, renversées, et mêlées pêle-mêle par
une multitude de sources qui jaillissent de toutes
parts; il est même dangereux de marcher sur Ce
sol mouvant, semblable aux volcans de boue de
la Crimée et de Taman. L’escarpenient même(i)
est couronné par un récif de craie avec bélem-
nites et térébratules, parmi lesquelles j ’ai re-
(1) Voyiez V® sérier Géologie, plans,, coupes et cartes,