projet en passant par Souram était de prendre le
plus court chemin pour pénétrer dans les grandes
vallées du Caucase et entres autre dans celle
du Ratcha qu’on me représentait comme la plus
intéressante. A cet effet, il me fallait rentrer
dans le grand bassin de la Colchide, en me dirigeant
sur Sarapana au confluent de la Kvirila,
de la Dsiroula et de plusieurs autres rivières qui
viennent commencer ici le vrai bassin de la Colchide.
J’avais alors à traverser la chaîne de
montagnes qui sépare ce bassin de celui du
Karthli, ce coude qui se détache de la tour de
Bardjom pour atteindre le pied du Caucase, séparant
sous le nom de Kordokhti les sources de
la Kvirila et de la Dsiroula, de celles du Psa et
du Liakhvi. La chaîne entière est toujours nommée
montagnes de Likhi ou du Gado, dans les
chroniques géorgiennes. Procope de Césarée (1)
en parle sous le nom de montagnes des Meschi,
de toute antiquité déjà soumises aux Ibériens.
Selon lui ces Meschi habitent dans des montagnes
qui ne sont ni escarpées, ni stériles,
mais d’une fertilité extraordinaire à produire
toutes sortes de fruits, d’autant plus qu’ils sont
très-habiles à la culture des champs et surtout
de la vigne. Des montagnes vêtues de forêts et
(1) De bello Gothico, lib. IV , p 467 t. II, ed. Bond
’un accès très-difficile dominent sur cette con*-
trée et s’étendent jusqu’au Caucase. Derrière
jusqu’au soleil levant l’Ibérie se prolongeait jusqu’à
la Persarménie. On voit que c’est du pays
que j ’allais traverser qu’il sagit ici ; Strabon
parle des Meschi aussi dans le même sens que
Procope.
Cette chaîne du Likhi se surbaisse un peu
dans les environs de Souram dont nous avons la
hauteur absolue dans le voyage à l’Ararat de
M. Parroij elle est de 355 toises (2,i33 pieds),
tandis que le point culminant du col par où passe
la route est de 112 toises plus élevé, c’est-à-
dire que sa hauteur absolue est de 2,807 pieds.
Les flancs de cette chaîne se découpent en
vallées intermédiaires semées de nombreux
villages.
Les sommités consistent en calcaire crayeux
appuyé tantôt sur des formations de schiste et
de grès appartenant à l’étage inférieur de la craie,
tantôt sur des dômes de porphyre pyroxénique.
Le bas des pentes et le pied de cette chaîne, tant
du côté de la Colchide que de celui du Karthli ,
sont recouverts de vastes bancs de molasse et
d’autres formations tertiaires, dont je donnerai
ci-dessous les caractères.
Pour aller de la station de Souram à Sarapana
, nous passâmes par Souram même qui est
à 2 verst. Nous y vîmes les restes démantelés
m ,5