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 père  et de même mère,  les uns riches par la loi,  
 les autres pauvres et déshérités,  les Uns honorés,  
 les autres déshonorés,  les uns nobles,  les autres  
 rangés parmi  les  serfs. 
 Combien  j’ai vu de  ces  familles malheureuses  
 en  Géorgie,  de  ces  pères  qui  gémissaient  sur  
 l’avenir de  leurs enfants !  Ce pauvre maire avait  
 neuf  ou  dix  enfants  dont  je  ne  sais  combien  
 étaient  illégitimes.  Ces  enfants  étaient  perdus;  
 car quoique  sans fortune,  jamais  le père n’avait  
 pu  les  condamner  à  apprendre  un  métier,  ce  
 qu’on regarde  comme  déshonorant ;  repoussés  
 de toutes  les  chancelleries,  de  tous  les  offices  
 publies,  ils  erraient  sans  emploi,  sans  avenir,  
 et qui sait  où  le désespoir peut  les mener ! . . .   
 Grâce,  ô  grand monarque ;  que  ta loi  effraie  et  
 corrige les vrais coupables ; mais que ta clémence  
 sauve  des innocents,  des malheureux. 
 La vallée  de Rhotévi  renferme  quatre  curiosités  
 très-intéressantes  qui tiennent au caractère  
 du  terrain,  aux  altérations  et  aux  révolutions  
 extraordinaires  qu’il  a  subies. 
 Tout est calcaire crayeux, compacte, à cassure  
 écailleuse;  partout  les  couches  sont  fendues,  
 soulevées, renversées, disloquées ; point d’ordre,  
 de  système  à poursuivre.  Dans  les  couches  inférieures  
 ,  absence  presque complète  de pétrifications, 
   qui ne paraissent que dans les dernières 
 couches.  Sur  ce  sol  bouleversé  se  retrouvent  
 glaciers,  grottes,  perte  de rivière,  lacs  entonnoirs, 
   en un mot  tous  les phenomenes de notre  
 Jura neuchâtelois.  Ils méritaient bien la journée  
 que je leur ai consacrée.  Ajoutez que je pouvais  
 visiter en même temps la belle  église de Nikorts-  
 minda  autour  de  laquelle  tous  ces  objets  sont  
 rangés.  Elle est  dans  la partie  la plus  haute  de  
 la vallée. 
 Nous  grimpâmes  une  pente  radoucie  de 4 a  
 5oo pieds,  en passant par le village de Tchéné—  
 ghèle ,  où  je  visitai  d’abord  dans  une  combe  
 dont  le  niveau  est  bien  à  200  pieds  au-dessous  
 du plus  haut point  de  la vallée,  un petit lac de  
 quelques cents pas de large et de 3 à 4°° de long,  
 sans  écoulement (1). 
 Nous  laissâmes à  gauche le monastère de  Ni-  
 kortsminda, pour le visiter à notre retour : le sol  
 était  uniforme ;  tout  à coup nous  entrons  dans  
 un enfoncement avec une muraille de rocher devant  
 nous.  Ce  n’est  que  le  pallier  d’un  second  
 enfoncement,  vrai abîme  de  100  pieds  de profondeur  
 ,  dont  la  paroi  à  pic  du rocher forme 
 (1)  Güldenst'âdt  dit que  dans  le marais qui entoure  ce  
 lac il ti’ouva le  Betula alnus,  le Rhamnus frangula,  le Ly-  
 thrum salicaria,  l’Alisma plantago, le Ranunculus lingua,  
 le Menianthes  ti'ifoliata ,  qu’il  n’avait  rencontrés  encore  
 nulle part dans  le Caucase.