perché sur ce côté de la gorge, tandis que le
monastère en occupait le fond (1),
Dirait-on malgré son effrayante position que
Saphar était l’habitation favorite des atabegs
du Sa-atahago, et principalement du célèbre
Manoutchar ? La tradition lui attribue les embellissements
du château maintenant en ruines ;
il était entièrement construit en pierres de taille»
On y arrivait par une porte placée au sommet
de la colline, En dedans de la grande muraille
plusieurs étages de voûtes et d’appartements
s’appuyaient contre le rocher couronné de deux
grandes tours dont les portes à mi-hauteur à la
Teutone indiquaient assez leur destination à
servir de dernier refuge quand tout était envahi
par l’ennemi.
Aujourd’hui tout est abandonné A tout tombe
en ruine ; tout ce qui n’est pas écroulé, enfoncé,
va s’écrouler, s’enfoncer. Ici commence déjà ce
théâtre de dévastation qui a envahi les pittoresques
bords du Kour pendant tant de siècles
de guerres et d’oppression»
La tradition constante attribue aussi à l’ata-
beg Manoutchar la fondation ou plutôt la construction
de la principale église du monastère.
Rien de plus pittoresque que son abord, quand
on a dépassé la grande porte d’en bas et qu’on
( i ) Voyez Atlas, II série, pl. 21.
îa voit là devant soi à l’extrémité de ce chemin qui
surplombe le précipice. Elle ressemble pour
le plan à celle de Ghélathi ; mais les sculptures
qui décorent les portes et les fenêtres sont plus
riches et mieux travaillées. La coupole supérieurement
construite, est percée de huit fenêtres
séparées par autant d’entre-fenêtrès, encadrés
par de riches bordures.
Plusieurs chapelles sont adossées à cette
église ; d’autres sont semées aux alentours avec
le clocher; la plupart ont servi de chapelles
mortuaires et sont remplies de tombeaux et de
caveaux.comblés d’ossements, avec des inscriptions
géorgiennes.
Celle qui est adossée immédiatement au eôté
droit de l’église contient même, dit-on, les cendres
de l’atabeg Manoutchar qui voulut y être
déposé après sa mort ; ses ancêtres l’y avaient
précédé. Car c’était l’usage dans toutes ces
grandes familles géorgiennes d’avoir leurs tombeaux
dans un sanctuaire de famille. Mais
comment Manoutchar se faisait-il ensevelir dans
une église chrétienne, s’il s’était fait musulman,
comme nous le lisons dans les mémoires historiques
de St. Martin (1)? Je crois que ce célèbre
orientaliste s’est trompé et qu’il a confondu
ici Manoutchar avec son frère Kouar-
(1) Saint Martin, Mém., t. I , p. 7ÔV