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une idée de la position du village. Les habitants
font le principal commerce de tapis de feutre à
Koutaïs , où on les voit tous les jours de marché;
ils vendent aussi des habits tcherkesses tout faits,
Chaque habitant a le kindjal, la boîte à graisse ,
la bourse à amadou, le briquet, le sac à tabac,
pendus à la ceinture, comme les Tcherkesses.
Ils transportent à dos d’homme leurs provisions
de maïs, de blé, dans des sacs de peaux de chèvres
, qui me rappelèrent les outres dans lesquelles
Euriclée mit la fleur de farine pour le voyage
de Télémaque.
A quelques verst de Tcliiora nous prîmes à
gauche pour entrer dans la vallée de Glola , qui
est dans le même genre que celle de Ghébi ; sa
direction est O. S. O. vers E. N. E. ; la pente qui
regarde le sud est couverte en partie de champs
et de pâturages ; l’autre n’est qu’une forêt.
Notre chemin nous menait le long de la première
; nous étions dans d’épais taillis , cheminant
par des pentes escarpées, quand le kélos-
san nous avertit d’être sur nos gardes ; que nous
allions passer par l’endroit où les Dougores et
les Ossètes en maraude se cachaient ordinairement
pour tomber sur les passants désarmés, et
peur les piller quand ils ne faisaient pas pis que
cela. Heureusement nous passâmes sains et saufs :
nous ne vîmes rien de suspect.
La situation de Glola (1) est peut-être plus
pittoresque que celle de Ghébi ; mais Ghébi est
plus grand, mieux bâti. L’ancien Glola abandonné
était à moitié sur une longue prairie ménagée
entre les bras de la Glolatskali, ou autrement
Bokvi, qui descend des pentes voisines du
Kadèla. Il paraît qu’à la fonte des neiges elle se
gonfle extraordinairement ; elle couvre alors au-
dessous de la prairie toute la largeur de la vallée,
qu’elle envahit, qu’elle couvre de blocs
énormes de protogyne et de porphyre dioriti-
que, qui écrasent les pauvres saules et les bouleaux
qui se hasardent sur un sol aussi ravagé.
J’ai dit que la Glolatskali fait à peu près la moitié
du volume du Phase.
Cinq ou six tours carrées , plus basses que celles
de Ghébi et moins bien travaillées, sont semées
dans la prairie. L’autre moitié de Glola
était sur le sommet d’un roc schisteux, ressemblant
à une vieille forteresse de Suisse par ses
tours accolées les unes contre les autres ; la
neige du Kadèla brille par-dessus comme un glacier
suisse.
Ce point intéressant de la haute chaîne, que je
distinguais déjà assez bien d’Oni, et qu’on reconnaît
fort bien de la plaine de Tsikhédarbasi,
(1 ) Glola est à 10 verst de Tchiora et à 6 verst du confluent
du Phase et de la Glolatskali.