rouille de celles-ci ressortent bizarrement sur les
groupes de verdure et sur les eaux du Kour
rapide qui ne fait que gronder et écumer sur
les blocs de trachyte et de dolérite qui pavent
son lit.
Il est ici plutôt torrent que rivière. Ce n’est
qu’après sa jonction avec la Taparavanié à
Kherthvis qu’il devient rivière. Au-dessus de
son confluent, on peut presque partout le passer
a guô , ce qui n’est pas possible au-dessous.
Nous le traversâmes à cheval tout près de
Vardsie à côté de 2 ou 3 vieux troncs qui servent
de pont aux piétons | et nous entrâmes
dans une gorge volcanique profondément en-
tailléë dans la paroi qui flanque la rive gauche
du Kour. C’est là que nous devions passer la
nuit chez notre guide, le seul habitant de ces
quartiers, où il vient passer l’été pour recueillir
les fruits qui croissent sur les arbres abandonnés.
Cette gorge d’un quart de lieue de profondeur,
close de toutes parts par de formidables coulées
de dolérite, et par d’énormes couches de brèches
et de cendres volcaniques, n’était remplie
jadis que de vignobles, de vergers et de jardins
à la porte même de Vardsie. La végétation y
est superbe et d’une grande fraîcheur. La vigne
abandonnée n’avait pas encore péri sur les nombreuses
terrasses où elle poussait languissamment;
j’y trouvai même quelques grappes de
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raisins verts, il est vrai ; à cette hauteur qui va
entre les 4 et 5,ooo pieds, c’était bien une rareté
que d’y trouver de la vigne : elle ne prospérerait
pas, si elle n’était favorisée par ces hautes
parois qui l’abritent et qui réverbèrent une chaleur
concentrée sur un sol volcanique.
Vardsie, la ville, la citadelle, le monastère
était devant nous, taillé dans tout le pourtour
du plus voisin des hauts rochers qui limitent la
gorge à l’ouest; il était trop tard pour oser
nous hasarder dans ces dédales troglodytiqueS ;
mais l’embarras était de savoir où nous loger.
On avait fait l’inspection de la misérable hutte
du paysan où il n’y avait pas à songera disputer
un coin aux vaches, aux poules qui dormaient,
pêle mêle avec le maître, sur un fumier. Nous
étions menacés d’un orage que les échos nombreux
nous annonçaient majestueusement en
répétant dè toutes parts les éclats du tonnerre
lointain. «Mes amis, dis-je en revenant de faire
une petite inspection des localités, à mes compagnons
qui se plaignaient, vous voilà embarrassés
en beau chemin ; les parois de rochers
sont percées de grottes et vous craignez de ne
pouvoir trouver un refuge. Certes, on peut être
logé cent fois plus mal que nous ne le serons là. »
Les anciens habitants de Vardsie avaient établi
ici leurs pressoirs et sans trop chercher, je les
menai dans celui qui était le plus près où nous