et très-acide, le raisin ne mûrissant pas toujours
dans des endroits aussi élevés.
Les maisons sont en bois; jamais les habitants
du pays n’ont voulu se bâtir de meilleures maisons
que celles qu’ils ont, et qui suffisent à peine
pour le strict nécessaire. Chaque année exposés
aux mcursions des Turcs d’Akhaltsikhé, ils trouvaient
que c’était une folie que de se donner tant
de peine pour voir son ouvrage brûlé au bout
d une quinzaine de jours. L’intérieur de leurs
habitations ne présente qu’un grand espace carré
sans fenêtre avec deux portes vis-à-vis l’une de
l’autre; l’une donne sur une large galerie couverte
et garnie de bancs à l’entour ; tel est tout
l’édifice.
• Le feu se fait au milieu, et la fumée sort par
l’une des portes, suivant le vent; il n’y a que les
riches qui aient des cheminées à la turque ou à
la tatare. Un magasin à côté de la maison d’ha-
bitatïon, quelquefois un balagan, hutte en branchage
pour cuire le gômi, et l’on connaît l’ensemble
de l’une de ces économies de la vallée de
Khané.
Nous logeâmes chez le mourave ou plutôt
maourave de Khané ; ce poste en Géorgie répondait
ci-devant a celui de nos maires ou chefs
de districts, de jüchebachi chez les Turcs ; ils
avaient un ou plusieurs villages sous leur inspection;
ils soignaient la recette des redevances
et des impôts, et recevaient pour appointements
le dixième des impôts ordinaires. Les Arméniens
appellent chez eux ces maires mêlikh, nom que
prenaient tous ces petits rois du pays de Canaan.
Les maouraves, dont une partie relevaient
du gouvernement, les autres» des grands seigneurs
vassaux, avaient sous eux les hélossanes,
espèce de schulz, ou gouverneurs de village à
Neuchâtel, les ombachi des Turcs. Depuis que
la Russie est maîtresse du pays, la charge de
maourave, qui était l’une des premières et des
plus importantes du pays après celle d’éristaf,
ou gouverneur d’une province, ne signifie presque
plus rien, leurs fonctions étant* en grande
partie remplies par les chefs de districts russes
(okroujenoï natchalnik).
Khané est le dernier village habité en remontant
cette vallée; nous en partîmes le mardi
22 août, en suivant d’abord, toujours sur le
grès vert, le cours de la Khanitskali. La rivière,
resserrée par de hautes parois de rochers, est
aussi inabordable que le Seyon dans les gorges
de Neuchâtel. On monte forcément sur un grand
massif de rochers, où cesse la vigne sauvage et
cultivée. Perché sur une corniche de rochers qui
surplombe, on plane sur de sombres gouffres
d’une profondeur effrayante, et au fond desquels
on voit écumer la rivière qui se culbute