servaient les deux partis. Cette armée com
mandée par Khorianès, pénétra tout droit dans
la Lazique, et plaça son camp dans un endroit
favorable de la plaine de Vaké que Procope appelle
plaine de Moukhérisis (1), mettant la Tskhé-
nitskali (Hippis) entre elle et le reste de la Lazique.
Goubazès et Daghistée ayant tenu conseil, résolurent
d’attaquer sur-le-champ les Perses. Les
Lazes reiuserent cependant de ne faire qu’un
seul corps avec les Romains, disant que ceux-
ci n’étaient pas armés comme eux pour la patrie,
pour leurs femmes, leurs foyers. Goubazès fut
enchanté de tant de courage ; 'mais quand on en
vint à l’essai, les Lazes qui avaient demandé
d’être au premier rang, lâchèrent bientôt pied et
coururent se mêler aux Romains, tout honteux
de leur faiblesse. Quelques combats singuliers
s’engagèrent alors entre les deux armées. Petit
à petit le nombre s’en augmenta; l’affaire devint
générale. Un petit désavantage épouvanta les
1,000 braves supérieurement armés, qui formaient
l’ornement de l’armée des Perses ; leur
fuite entraîna celle de l’armée entière, qui se réfugia
dans son camp. Le camp fut pris ; les
Perses chassés et vaincus se hâtèrent de repasser
les défilés, décourageant en même temps par
( t ) Moukhérisis Vient àeMoukha, en géorgien un chêne.
leür conduite un autre corps d’armée qui venait
d’approvisionner Pétra et qui se retira au plus
vite.
Tel fut le succès de cette campagne des Perses.
Bientôt après Daghistée dont les délateurs avaient
mis la conduite au grand jour à Constantinople,
fut rappelé et remplacé par Bessas, le même
qui venait de si mal défendre Rome contre les
Goths.
Pendant ces temps de troubles, les Abasghiens
ou Abkhases s’étaient soustraits à l’autorité des
Lazes qui nommaient leurs rois, et avaient chassé
ces derniers. Des soldats que Justinien leur
envoya devaient chercher à les ramener ; peut-
être y seraient-ils parvenus, s’ils n’avaient pas
exigé de nouveaux tributs. Les Abasghiens indignés
de cette injustice, se choisirent deux
rois, Opsite au levant, Sképama au couchant,
et se liguèrent en secret avec les Perses qui leur
prirent 60 otages pour gage de leur soumission.
Le premier ordre“que Justinien donna à Bessas,
fut de faire rentrer les Abasghiens dans le
devoir. Bessas y envoya incontinent par mer
une armée choisie, conduire par Ouligagus et
Jean. La flotte débarqua sur les frontières des
Apsiliens et des Abasghiens, dans le voisinage
de Soukoum-Ivalé. J’ai déjà parlé de cette expédition
dans le premier volume de cet ouvrage.
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