se composait de trois personnes de sa suite, dont
l’une était son échanson, reconnaissable, comme
je l’ai dit, à son azerpêche d’argent qui brillait
a sa ceinture. Tous les quatre allaient ordinairement
en avant;. je venais après avec J.-B. Démangé
et Nicolas; et la marche se fermait par
ceux qui menaient mon bagage et celui de Nicolas;
car mon prudent interprète, redoutant,
dans nos lointains voyages, de se trouver privé
de sa chere pate de gomi, avait jugé à propos de
prendre une bonne provision de millet, et il y avait
ajouté une grosse outre remplie de quatre-vingts
pintes de vin, qu’il supposait devoir nous suffire
pendant que nous serions à Akhaltsikhé et
dans la vallée du Kour, où le vin est rare, et où
tout celui qui se boit vient du Gouria ou de l’I-
mereth ; mais la suite prouvera qu’il avait compté
sans l’hôte.
De Bagdad à Khané on suit le cours de la
Khanitskali, encaissée entre deux murailles de
gres vert qui commence à surgir à trois verst
de Bagdad. A Bagdad même on trouve un schiste
bleu. Le chemin est taillé le plus souvent dans
la paroi ou sur les assises du rocher ; à peine y
a-t-il assez de place pour laisser passer un cheval,
et penché sur la rivière qui bouillonne à
deux ou trois cents pieds plus bas, on pourrait
cracher dans ses flots. C’est ici que les cent Romains
arrêtèrent, en 549, l’armée nombreuse
de Merméroës, et qu’ils la repoussèrent jusqu’à
ce que, fatigués de massacrer la foule toujours
renaissante des Perses, ils se retirèrent sur les
rochers voisins pour laisser passer les ennemis,
qui avaient perdu plus de mille braves guerriers
dans cette attaque. La Khanitskali tombe au
moins d’un pied sur trente jusqu’à Bagdad; elle
nourrit beaucoup de truites.
Ce grès vert se présente par assises très-régulières,
ascendantes, et forme de temps en temps
des parois à pic de cinq cents à huit cents pieds de
hauteur qui se répètent sur les deux rives de la
rivière; on voit que la vallée de la Khanitskali n’est
qu’une énorme fente qui pénètre jusqu’au coeur
de la montagne sans être entièrement perpendiculaire
à l’axe de la chaîne. Ce grèsvert m’a paru
très-pauvre en pétrifications à peu près comme
celui delà Suisse saxonne. Beaucoup de couches
de ce grès offrent le phénomène des mélaphyres
bulliformes, c’est-à-dire que l’assise de grès
n’est composée que d’énormes bulles à écailles
concentriques qui tombent par pièces ; mais ces
bulles sont moins régulières que dans le porphyre
pyroxénique. Elles ont un pied et plus de
diamètre. J’ai observé le même phénomène dans
les schistes et grès basiques ou jurassiques de
Soudag en Crimée.
Une riche végétation recouvre en général le